Frontière Niger-Mali : mettre l’outil militaire au service d’une approche politique

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La situation sécuritaire se dégrade depuis des années dans la zone frontière Mali-Niger du fait de la circulation des armes et de la montée des tensions entre les communautés. Des groupes jihadistes ont profité des désordres locaux engendrés par la crise malienne de 2012 et de la faible présence de l’Etat pour s’implanter et attaquer l’armée nigérienne depuis le Mali.

Au cours des deux dernières décennies, les violences en zone rurale se sont aggravées à la frontière entre le Mali et le Niger, sur fond de rivalités entre communautés pour le contrôle de l’espace et de difficulté des Etats à réguler les conflits locaux. Dans le sillage des rébellions arabo-touareg des années 1990 et 2000, l’accès aux armes de guerre a changé la nature de la violence et l’a rendue beaucoup plus meurtrière. Peu à peu, une génération de jeunes hommes vivant du métier des armes s’est constituée dans cette région. Ces derniers sont principalement issus des communautés nomades (notamment touareg, dossaak et peul). Des entrepreneurs politiques les ont utilisés pour constituer des milices communautaires, essentiellement au Mali mais aussi au Niger, avec la milice peul du Nord-Tillabéri, une région frontalière du Nord-Ouest du Niger particulièrement affectée par la violence. Ces groupes disent défendre les intérêts de populations nomades marginalisées, mais ils ont souvent un comportement prédateur et font pression sur l’Etat pour obtenir des prébendes.

La crise malienne de 2012 a aggravé la situation en amplifiant, un peu plus encore, la circulation des armes de guerre. Elle a aussi permis à des groupes jihadistes de s’implanter en recrutant des combattants, parfois occasionnels, parmi les communautés les plus fragiles. Les autorités nigériennes doivent se démarquer du primat donné à l’action militaire, souvent dicté par leurs partenaires internationaux. Le gouvernement devrait élaborer son propre modèle de gestion des conflits armés dans les zones frontalières, fondé sur un meilleur équilibre entre offre de dialogue et mesures sécuritaires, comme alternative aux limites actuelles de la militarisation à outrance. De leur côté, les partenaires occidentaux, et plus particulièrement français, devraient se montrer plus disposés à réviser leur stratégie actuelle, en coordination avec les responsables concernés dans la région.

www.crisisgroup.org/fr/africa/west-africa/mali/261-frontiere-niger-mali-mettre-loutil-militaire-au-service-dune-approche-politique

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