By Agbetoglo Kokou Paul (Lomé, August 2008)
Kodjoviakopé est un quartier très peuplé de la ville de Lomé,capitale du Togo fondé par des pêcheurs sur la côte de l’océan atlantique. Pour ces populations restées longtemps pêcheurs, la mer c’est leur mère. Elle leur donne de quoi vivre et de quoi vendre pour se faire un peu d’argent. La plage de ce quartier est le lieu où les produits de mer sont déversés avant toute vente à la consommation. Aussi, c’est un lieu de promenade et de repos des habitants de Lomé et des touristes étrangers qui viennent de partout. Mais dans ce quartier populaire, la majorité des concessions ne sont pas pourvues de latrines. Pour leurs besoins, les populations ne disposent que de deux latrines publiques souvent débordées par la demande. Les habitants sont obligés de faire la queue pour attendre leur tour. Cette situation oblige les populations à mettre la plage à contribution. C’est ainsi que progressivement, cet espace de loisirs à la fois commercial et touristique est devenu un lieu d’aisance des populations du quartier.
En 1999, des allemands en promenade sur la plage se retrouvent les pieds dans des excréments humains. Comment peut-on transformer un site d’une telle valeur en lieu d’aisance public, se sont-ils demandés. Mieux, ils ont posé la question à des passants qui leur ont répondu : dans le quartier, la majorité des maisons ne dispose pas de latrines et l’on ne compte que deux latrines publiques. Alors, les visiteurs allemands vont voir le chef du quartier pour lui exprimer leur surprise sinon leur déception. Mieux, ils vont lui faire une proposition. De cette petite histoire est né, sur une initiative conjointe du Comité de Développement du Quartier de Kodjoviakopé (CDQ-K) et des touristes allemands, un projet de construction d’une latrine publique dans le but de contribuer à l’assainissement de la plage.
Le projet a été financé par l’Agence Allemande de Coopération (GTZ ). Les fonds ont été versés à l’ONG ‘’Les Amis de la Terre’’ (une organisation qui a pour domaines de compétences l’assainissement, l’hygiène et l’environnement) qui s’est chargée de l’acquisition du matériel nécessaire aux travaux. Le chantier était dirigé par le chef du quartier et le président du CDQ-K. Le matériel était livré au chef du quartier ou acheminé directement sur le chantier. Une main d’œuvre locale a été recrutée (maçons, ferrailleurs, menuisiers, plombiers, électriciens et manœuvres). Au titre de la contribution communautaire, le sable est extrait sur place par les populations. Une latrine de douze cabines a été finalement construites. Réceptionné en 2000 par le CDQ-K, la mise en service de l’ouvrage dénommé ‘’Latrine CDQ-GTZ’’ a procuré de l’emploi aux jeunes. Les recettes générées ont servi à financer d’autres actions de développement dans le quartier. S’il a été constaté, dès son ouverture, une diminution d’excréments sur la plage, on remarque qu’il y a encore des habitants qui continuent de se mettre à l’aise à la plage. Le problème demeure.
A priori, des populations qui vivent de la mer et qui exposent leurs marchandises sur la plage ne peuvent être portées volontairement vers la pollution de la plage ou de la mer. Le problème dans ce quartier est lié à l’insuffisance d’infrastructures, en l’occurrence les latrines. Pas de latrines dans les maisons et seulement deux latrines publiques pour tout le quartier. La réponse apportée par l’initiative a soulagé les populations mais n’est pas à la hauteur de la demande. C’est ce qui explique que des habitants, en attendant un service public pour tous, continuent de se mettre à l’aise à la plage.