Le Marabout et les paysans talibés nordistes
By DIOUM, Gorgui Bocar (Nioro du Rip, February 2008)
Les marabouts sont confrontés à de sérieuses difficultés liées au foncier si on se réfère à ce vieux problème foncier dans la région de Kolda, département de Sedhiou dans le village de B., village où réside un marabout très influent.
Des paysans saloum-saloum soit disant talibés sont venus voir le marabout pour lui faire part de leur attachement à leur religion (islam) et les difficultés auxquelles ils sont confrontés avec leurs familles. Ce dernier a fondé R. en 1998, un village situé entre B. et B1. C’est là qu’il installe ces talibés paysans nordistes communément appelés « Etrangers ».
Après une négociation avec les notables du village de B1, il ordonna aux « Etrangers » de démarrer les travaux des champs et l’aménagement des habitations. C’est ainsi que démarra l’opération mais, quelques jours plus tard, ce fut les bergers de B1 qui vinrent dire aux notables que les étrangers s’étaient installés sur leur terre. Ils firent comprendre à qui voulaient les entendre que ces derniers avaient débroussaillé de vastes espaces et que les bêtes des autochtones allaient périr si rien n’était entrepris dans ce sens. Cette alerte poussa les vieux notables à se concerter pour voir comment résoudre le problème.
Mais avant que les vieux ne fussent partis rencontrer le marabout, celui-ci fut fortement influencé au point que, sans recevoir les vieux, il ordonna de laisser en paix ces « Etrangers ». Ces derniers, ragaillardis, déclarèrent à tue tête que seul le marabout comptait à leurs yeux et qu’ils n’avaient de compte à rendre à personne à part le marabout. Et c’est la goutte d’eau qui fit déborder l’eau du vase.
Les jeunes, informés de la situation s’organisèrent pour attaquer les « Etrangers », mais parmi eux certains prirent soin d’en informer les vieux du village. Ces derniers leur demandèrent d’attendre, le temps de consulter le marabout à ce sujet. Après une longue discussion, ce dernier accepta de discipliner les « Etrangers » en les enjoignant de respecter les consignes données par la commission inter villageoise de gestion des conflits fonciers.
Le courage et la franchise constatés au niveau des membres de la commission sont rares dans certaines instances dirigeantes qui, le plus souvent, perdent toute autonomie de pensée et de décision face à la pression maraboutique ou politique.
Les membres de la commission affirment avoir beaucoup de respect pour les étrangers, mais se donnent le temps nécessaire d’étudier le problème en profondeur.
La gestion foncière des collectivités locales pose problème du fait que c’est très rare de voir un conseil rural désaffecter des terres ou bien faire perdre un marabout dans un litige foncier.
Les suspensions dans certains cas ne sont pas valables, mais sont utilisées stratégiquement pour faire perdre quelqu’un.
La gestion coutumière dans les conflits fonciers peut contribuer à une meilleure résolution des conflits entre les dépositaires d’enjeux et les autres car on note dans certains cas une faiblesse des élus dans certains cas. Il s’y ajoute la non maîtrise des textes et lois de la décentralisation.