Comment faire bénéficier aux populations démunies, des chaussures de seconde main qui risquent de finir à la décharge finale de Lomé ?
By Edoh Sossa (Lomé, April 2009)
La ville de Lomé, capitale du Togo , pays situé en Afrique de l’ouest entre le 6e et le 11e degré de latitude nord, dispose en dehors de nombreux marchés secondaires, de deux grands marchés. Le premier marché est celui d’Adaoulato, un marché de notoriété régional et internationale. C’est le marché des fameuses ‘’Nana Benz’’ du Togo. En vue de décongestionner ce marché, les autorités togolaises ont construit un second grand marché au quartier dénommé Hédzranawoé au Nord-est de la ville de Lomé. Parmi les agents économiques que l’on rencontre dans ce marché, on note la forte présence des Ibo, venus du Nigéria et qui investissent dans l’importation des chaussures usagées. Avec la quantité de chaussures qui arrivent par semaine sur ce marché, on pourrait affirmer que le marché de Hédzranawoé est un marché de chaussures usagées. Le problème c’est que les commerçants n’arrivent pas à écouler toutes leurs marchandises. Ils sont amenés à se débarrasser des tonnes de chaussures tous les quatre jours. Pour l’entretien du marché EBAGEL,( entreprise) est chargée du ramassage de ces chaussures de seconde main vers la décharge finale.
Cependant, dans ce qui est considéré comme ordures constituées de chaussures, il y a des chaussures qui peuvent encore servir quand on sait que tous les enfants au Togo n’ont pas la chance d’avoir une paire de chaussures. Les paysans qui, au champ sont toujours en contact direct avec la nature, ne sont pas toujours chaussés. Un tri a été proposé à l’entreprise chargée du ramassage de ces ordures afin de dégager les chaussures qui peuvent encore servir. Mais cette proposition rencontre une difficulté. Qui va prendre en charge financièrement l’activité de tri et le transport des chaussures récupérées vers les bénéficiaires qui peuvent être selon les cas : les enfants dans les orphelinats ou les écoles en général, les centres de détention, les centres de réinsertion de délinquants, les familles démunies etc. ?
Nous sommes devant une situation caractérisée par des extrêmes. D’un côté l’embarras d’un bien (chaussures) qui constitue en même temps un manque de l’autre côté. En fait les choses devraient être simples puisque le surplus a rencontré le besoin.
Mais au-delà de ces considérations, la question de fond réside dans l’absence de coopération entre organisations pour mener conjointement une action en faveur des personnes démunies. Peut-être que l’information autour de cette opportunité n’a pas été suffisamment partagée avec les acteurs qui œuvrent dans l’intérêt des personnes démunies. Il y a là un enjeu social qui vient s’ajouter à un enjeu environnemental et sanitaire.