By Sossa Edoh Mawulé (Lomé, April 2009)
Au Togo, pays situé en Afrique de l’ouest et notamment à Lomé,capitale du Togo ,le ramassage des ordures dans sa phase de démarrage s’est révélé comme une activité difficile à plusieurs égards.
La première difficulté est liée au poids des ordures produites par les ménages. La deuxième difficulté est relative à l’odeur nauséabonde dégagée par les déchets. Pour qui connait Lomé, la troisième difficulté tient du fait que le travail s’effectue de jour donc sous un soleil souvent chaud. Il était devenu impérieux de trouver des solutions tendant à soulager les travailleurs. Jusqu’à l’expérience qui nous concerne, la pratique est caractérisée par le dépôt des ordures par les ménages dans des poubelles que les agents viennent enlever vers un dépotoir intermédiaire. Ces ordures sans tri sont très lourdes à cause de leur contenance en sable et dégagent des odeurs parfois insupportables pour les agents de pré collecte. Il était devenu urgent de trouver une réponse à cette situation.
C’est dans cette perspective qu’en 2006, les acteurs du secteur de la gestion des ordures ménagères, regroupés au sein d’une fédération dénommée Collectif des Associations de Pré collecte du Cinquième arrondissement (CAP V Sud), ont passé commande de plastiques souples (emballages-sacoches) auprès de la société Afrique Plastique, une société de production et de commercialisation des plastiques dont le siège se trouve au port autonome de Lomé.
Les ménages devraient entreposer les ordures produites dans ces sachets en attendant le passage des agents pré collecteurs. Au début de l’expérience, le collectif a travaillé avec cent (100) concessions à revenus moyens qui ont acquis les fameux sachets. Sachant que la pré collecte se fait deux fois par semaine, il est remis à chaque concession concernée, huit (08) sachets par mois contre une redevance de quatre cents (400) F CFA. Au total, il est distribué huit cents (800) sachets par mois.
Peu à peu, d’autres concessions ont commencé à être intéressées par ces emballages qui, pour elles, facilitent le travail et règlent le problème de l’achat régulier de paniers à ordures et celui de l’utilisation de cartons à ordures. On sait que ni le panier, ni le carton ne résiste à l’eau contenue dans les déchets et à l’eau de pluie car les paniers ou cartons sont gardés souvent à ciel ouvert. Il arrive assez souvent qu’au départ des agents pré collecteurs, qu’il y a encore des ordures à la place où elles ont été enlevées. Il y a même des conflits entre agents et populations autour des paniers et cartons emportés avec les ordures. Ces concessions ont exprimé auprès du collectif, le besoin de s’inscrire dans la dynamique engagée. Le collectif a accédé à la demande de ces concessions. Mais c’est toujours des concessions à revenus moyens.
Au jour d’aujourd’hui, le Collectif distribue plus de cinq milles (5000) sachets par mois. Les avantages liés à cette pratique sont multiples. D’abord les ménages sont obligés de trier les déchets, ce qui rend le poids raisonnable. Ensuite le fait que l’emballage est une sacoche que l’on peut nouer par simple tir, les odeurs nauséabondes se trouvent encaissées dans le sachet. Elles ne peuvent plus polluer l’air environnant. Enfin la suppression de contact direct des agents pré collecteurs avec les ordures leur permet de travailler tout en étant propres.
Cette expérience est très appréciée et encouragée par les autorités de la municipalité de la ville de Lomé.
Non seulement la pratique est efficace en termes de salubrité, mais aussi et surtout en termes d’hygiène et d’assainissement.
Toutefois, l’utilisation de ces sachets a contribué à la promotion du travail dans le secteur de la gestion des ordures ménagères. Les agents collecteurs acceptent de plus en plus leur travail. En revanche, il faut reconnaitre que l’expérience a concerné seulement les classes moyennes.