By KONE, Sayon (July 2003)
La ville de Bamako connaît de plus en plus un engorgement permanent de ses principales artères routières. En effet, la ville de Bamako a vu sa population augmenté de façon exponentielle en quelques années avec l'accentuation du phénomène de l'exode rurale. La plupart de ces populations, qui sont généralement sans aptitudes techniques avérées, viennent grossir le monde des petits métiers et du petit commerce. Etant donné que la ville n'offre pas à tous des espaces aménagés pour exercer ces métiers, il ne leur reste qu'à occuper tous les coins et recoins d'où ils pourraient susciter l'attention d'une clientèle de plus en plus agacée par les bousculades du marché ou pressée d'accomplir leurs actes d'achat.
Ainsi, les abords des grandes artères de la ville sont devenues des places pour le commerce informel. Les autorités des communes et du District semblent elles mêmes accepter le fait accompli ou fermer les yeux sur un phénomène qui tend à rendre la ville invivable.
L'illustration la plus éloquente du phénomène est fournie par le cas du Raïlda. Le Raïlda est une gare routière qui jouxte le siège de L'Assemblée Nationale, installée de façon anarchique au cour de la ville. Cette gare polarise toute la population de la capitale. C'est alors qu'en son sein s'est développée rapidement des activités commerciales qui ont fini par faire de la Gare routière un marché bien établi. En cet endroit, les étalages se confondent avec les raïls, le goudron, et les stations d'essence très fréquentées du fait de leur proximité avec la gare routière. Les députés, de leur imposant Parlement, contemplent cette anarchie qui fait le lit aux dérives les plus spectaculaires dans leur voisinage immédiat.
Le comble est que les occupants de ces lieux, sont disent ils assujettis au même régime fiscal que ceux qui disposent de titre régulier d'occupation d'espace commercial sur le territoire du District.
L'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations au Mali en 2002 fut le détonateur d'une prise en charge résolue du phénomène par les autorités du District. En effet, les Responsables ont exigé que tous les sites qui vont abrité l'événement continental soient assainis et sécurisés au maximum. C'est alors qu'une nouvelle gare routière fut aménagée à a périphérie de la ville avec des kiosques tout autour pour accueillir les occupants du Raïlda. Que ce fut laborieux de déloger tout ce monde qui éprouvait beaucoup de peines à rejoindre la nouvelle destination jugée excentrée et peu porteuse pour les affaires. Ce fut quand même fait sous la pression des délais imposés par la Confédération Africaine de Football.
Le Raïlda alors libéré par les " anarchistes " fut immédiatement récupéré par les autorités pou y implanter quelques monuments et des espaces verts et pallier ainsi à un éventuel retour des anciens occupants.
La fête de la CAN terminée, alors que tout semblait désormais rentrer dans l'ordre au niveau du Raïlda, voilà qu'apparaissent nombreux de jour en jour des groupuscules de commerçants pour occuper les places encore vides.
Face à cette situation, les autorités du District, pour éviter la réoccupation des lieux a lors déployé une brigade policière pour empêcher cette réinstallation. Cette stratégie s'est jusqu'ici révélée efficace mais pour combien de temps ?
Le Maire du District soutient " que ses services supportent mal cette situation pour laquelle, ils dépensent un (1) million de F CFA par semaine pour la prise en charge des policiers qui assurent le maintien d'ordre. Si les paiements ne sont pas fait à termes échus, les policiers quittent les lieux et les vendeurs reviennent .
L'occupation anarchique des trottoirs contribue à l'insalubrité de la ville de Bamako. Il faut souhaiter que les gens prennent conscience de cela. Il faut que s'instaure et se développe une dynamique de partenariat entre le District de Bamako et les autres acteurs pour une prise en charge effective et durable du phénomène.
A défaut, la mairie qui emploie environ trois cents (300) personnes et paie plus de 10 millions de FCFA de carburant par mois ne pourra venir à bout d'un phénomène qui exige des investissements plus importants de façon soutenue.
L'occupation anarchique des trottoirs et autres espaces libres de la ville révèle les problèmes de gestion de l'espace urbain. Les voies de circulation sont gorgées de monde, occasionnant une grande insécurité pour les usagers des voies publiques. Les stratégies développées jusqu'ici pour les autorités du District se sont avérées insuffisantes voire inappropriées.
Le phénomène tend d'ailleurs à se complexifier davantage avec l'arrivée en ces lieux des mendiants, nettoyeurs de vitres des voitures, promeneurs de jumeaux et autres vendeurs de divers gadgets qui agressent littéralement les passants à tous les grands carrefours de la ville.
La situation n'appelle t'elle pas à une concertation élargie entre tous les acteurs concernés pour dégager ensemble les voies et moyens de remédier au problème .