By Boureima Ouedraogo (Ouagadougou, November 2008)
La société civile comme partenaire incontournable pour la mise en œuvre et/ou le suivi évaluation des actions publiques de développement est de plus en plus reconnu et affirmé au plan international et national. Signe des temps, effet de mode ou contrainte, le Gouvernement montre depuis quelque temps des signes d’ouverture favorables à l’émergence d’une Société civile forte et pleinement responsable.
Par ailleurs, le système des NU travaille au renforcement du partenariat avec la Société civile. En témoignent :
la reconnaissance par le Gouvernement et par le système des NU de l’importance croissante de la société civile dans le processus de développement du Burkina Faso
la participation de la Société civile à la revue du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté en avril 2007
l’intensification des relations entre le système des NU et les OSC
la création d’un Comité Consultatif de la Société Civile (CCSC), instance placée auprès du Coordonnateur Résident du SNU
la naissance d’un cadre de concertation de la société civile dans le cadre de la revue du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP)
1. Pertinence du cadre de concertation
A l’évidence, la mise en place d’un cadre de concertation des OSC s’impose dans le contexte actuel. Et cela pour plusieurs raisons.
Le contexte socio politique
La reconnaissance du rôle et de l’importance de la Société civile dans le processus de développement national rend certainement justice aux acteurs concernés dans leur travail d’animation de la vie publique et d’interpellation sur les questions de politiques publiques, mais sans doute cela marque aussi le niveau des attentes des partenaires (Gouvernement, PTF, populations) vis-à-vis de ces acteurs, notamment en tant que interlocuteurs fiables et représentatifs.
La multiplicité des acteurs
Sil est un concept qui aujourd’hui prête parfois à confusion, c’est bien celui de « société civile », tant il renvoie à une multiplicité et à une diversité de structures, de domaines d’intervention, de démarches et de finalités.
Cela devrait constituer un atout, si tant est que ce nombre élevé témoigne du dynamisme des leaders sociaux et de l’expression d’une demande sociale toujours plus grande.
Cependant, les OSC gagneraient à travailler à une meilleure clarification de leur statut.
La diversité des domaines d’intervention, des approches, des démarches et des finalités
La Société civile au Burkina Faso embrasse la quasi totalité des secteurs d’activités et des thématiques pris en compte par le CLSP. Sur le terrain, les différentes organisations développent des initiatives et exécutent des activités dans les domaines du développement rural et de la sécurité alimentaire, des secteurs sociaux, des infrastructures économiques, de la gouvernance, des réformes institutionnelles et de la décentralisation, des finances publiques et de l’allocation des ressources.
Du point de vue méthodologique, c’est pratiquement à chaque structure « sa » démarche et « son » approche.
A cela s’ajoute la diversité des finalités. Alors que certaines structures sont focalisées sur l’aspect « contribution à la lutte contre la pauvreté » à travers la mise en oeuvre et/ou le financement d’activités spécifiques de développement sur le terrain, d’autres axent leur intervention sur la dimension « contribution à la promotion de la bonne gouvernance » par l’analyse critique de la mise en œuvre des actions publiques de développement, en termes d’analyse des performances et de l’efficacité des impacts (suivi évaluation et capitalisation).
Ces éléments de constats mettent en évidence l’interdépendance des réseaux OSC et confirment bien que les différentes structures se complètent. Et surtout, les attentes liées aux responsabilités de la Société civile interpellent les différents acteurs et commandent certaines actions urgentes dont les principales sont :
l’élaboration d’une démarche méthodologique concertée et scientifiquement éprouvée pour conférer ou renforcer la fiabilité des résultats
la mise en commun des forces et la construction d’une stratégie de lobbying coalisée
2. Contenu du cadre de concertation
La mise en place du cadre de concertation est donc un préalable et une réponse de premier niveau à ces exigences.
o Des membres du cadre de concertation
Le cadre de concertation est constitué de l’ensemble des OSC formellement engagées sur la présente plateforme. La qualité de membre est fondée sur le principe de la libre adhésion, et elle est constatée de fait à l’inscription sur la liste de présence aux rencontres préparatoires.
Cependant, toute structure a la possibilité de s’y associer, par adhésion formelle consacrée par une lettre d’adhésion adressée au Président du Comité de pilotage
o De la périodicité des rencontres
L’AG se réunit au moins une fois par trimestre sur convocation et présidée par le Président du Comité ou son représentant. Le Comité de pilotage se réunit au moins une fois par mois et présidée par le Président du Comité ou son représentant.
o Du mandat des différents organes
L’AG désigne et met en place un Comité de pilotage, désigne le bureau du Comité de pilotage, définit les grandes orientations pour la contribution des OSC et les thématiques à étudier, entérine les propositions du Comité de pilotage
Le Comité de pilotage représente l’AG, coordonne le suivi des axes retenus, prépare les rencontres, convoque les réunions, facilite la tenue des réunions
o Des lieux de rencontres
Dans le principe, toute structure membre peut se proposer d’accueillir une quelconque rencontre du cadre de concertation. De même, toute structure peut être proposée pour abriter une quelconque rencontre du cadre de concertation.
Par ailleurs, le principe « d’accueil tournant » peut être retenu, et en ce cas, le Comité de pilotage propose une planification annuelle des lieux de rencontres.
Cependant, la décision doit tenir compte des possibilités réelles, notamment l’état des salles (commodité, capacités d’accueil…)
o Du fonctionnement
Chaque structure membre s’engage à s’investir pour le bon fonctionnement du cadre de concertation. Les contributions (humaines, financières…) devraient être équitables, c’est-à-dire tenir compte des possibilités et de la situation en temps réel des uns et des autres.
La création d’un fonds commun pourrait être envisagée, et les dépenses à prendre en charge discutées en AG. Cela implique la mise en œuvre d’un dispositif de contrôle interne et externe.
Deux organes animent la vie du cadre de concertation :
l’AG : regroupe l’ensemble des OSC membres
le Comité de pilotage : au moins cinq et au plus dix membres.
3. Stratégie de plaidoyer et de lobbying
Il est important d’apporter au préalable des réponses claires à une série de questions :
Quelle contribution : choix des thèmes à étudier
Qui fait quoi : responsabilisation
Avec quels outils méthodologiques : grille de suivi évaluation, indicateurs….
Avec quelle démarche : dispositif de collecte des données, traitement, validation, capitalisation
Pour quels résultats (pertinence)
Quels résultats présenter et comment
Cela est d’autant plus important que produire des résultats et de la connaissance n’est pas une fin en soi, mais plutôt, toute la démarche doit être mise en œuvre en relation avec la finalité qui est l’influence des politiques : produire des résultats sur la base de travaux de recherches et d’études fiables et présenter ces résultats « pour faire changer les choses ».
Déjà au sortir de la revue CSLP, et dans l’optique de la participation des OSC à chaque revue CSLP à venir, tout devrait être mis en œuvre dans la cohérence et de façon diligente.
Cela dit, comment influencer efficacement ?
En amont, un impératif : tisser des alliances avec les élus locaux : impliquer et associer les Conseils régionaux dans l’organisation d’ateliers régionaux de restitution des résultats des groupes par CST.
Ces alliances prennent également en compte les communes (maires et conseillers) et les députés des régions concernées à titre individuel. Car il s’agit de faire en sorte que ceux-ci s’approprient et la démarche et les résultats et que ces résultats soient portés au devant du politique en coalition.
Par ailleurs, d’autres types d’acteurs seront ou pourraient être associés : OP, Gouverneurs….
Ces ateliers régionaux constitueront à la fois une tribune pour présenter les rapports et pour consulter les OSC régionales sur les principaux résultats, et éventuellement susciter ou renforcer la demande sociale au niveau local.
En aval, une stratégie de diffusion et de communication performante : site web et observatoire du suivi de l’évolution de la pauvreté
Ce cadre de concertation est né dans le cadre du suivi de la mise en oeuvre du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté au Burkina Faso. Il a été impulsé par le système des nations unis pour servir de cadre d’interpellation et d’accompagnement des initiatives gouvernementales. ll est porté par une Cinquantaine d’organisation sous le Leadership du Réseau Réussir et la coalition nationale de renforcement des capacités des OSC. Mais sur le terrain, le cadre fonctionne par à-coups et n’arrive pas véritablement à se positionner et porter le leadership de la société civile en matière de participation et de contrôle citoyen de l’action publique.