L intervention et la collaboration des chefs traditionnels (chefs de village, notabilité religieuse, etc) et des juges a permis de résoudre les problèmes sociaux dans le cercle de Kangaba.
By Ambroise DAKOUO, Sociologue, Centre d’Expertises Politiques et Institutionnelle s en Afrique (CEPIA) (Bamako, January 2009)
Le cercle de Kangaba, lieu de cette expérience est situé dans la région de Koulikoro au Mali. Cette localité est habité par diverse ethnies dont les soninkés, les bambaras, les peuhls, etc. Le cercle de Kangaba comprend environ 76 404 habitants selon le dernier recensement en date au Mali à savoir celui de 1998.
De septembre 2004 à août 2005, j’ai été témoin de plusieurs cas de litiges sociaux relatif au mariage. En effet, il s’agissait de sept (7) cas de demande de divorce. Face à cela, il faut préciser que les litiges de cette nature sont monnaies courantes dans cette zone du fait du fort taux d’exode et de migration des habitants. La migration s’explique par la raréfaction des ressources naturelles et surtout le manque d’emploi.
Le cas dont il est question ici se déroule dans le village de Kèla situé dans la commune de Minidjan dans le cercle de Kangaba. Dans le village un habitant entretenait des relations avec la femme de son aîné qui lui-même avait migré pendant des années au Gabon laissant derrière lui son épouse. Dès son retour au village l’aîné ayant été mis au courant de cette affaire décide de divorcer son épouse. Pour se faire il engagea de facto des démarches au tribunal dans ce sens.
Les autorités traditionnelles mis au courant de l’affaire et appuyés par les griots se sont investis dans la recherche de compromis afin de consolider les liens parentaux.
La démarche entreprise par les chefs traditionnels et les griots du village ont finalement convaincu le plaignant qui retira sa plainte.
Le fait était certes dommageable, mais il se trouve que dans la coutume locale cela ne constitue pas une véritable cause de divorce. Cet exemple illustre que la problématique posée ne peut être résolu qu’en fonction des connaissances des mœurs locales en témoigne la nature de la résolution.
Le plaignant ayant retiré sa plainte l’action du judiciaire a pris fin car la loi stipule que dès que l’on parvient à convaincre le plaignant de retirer sa plainte, la procédure judiciaire s’arrête.
Toutefois il faut avouer que ce cas a permis le rapprochement des différents acteurs traditionnels et judiciaires dans le cadre d’une collaboration afin de tenter en amont les solutions locales dans la gestion des litiges.
La gestion alternative des conflits doit être pris en compte pour asseoir une délivrance de la justice. La recherche du compromis demeure également un moyen privilégié pour résoudre les problèmes entre différentes parties.
Au Mali, la collaboration des autorités traditionnelles et des autorités judiciaires est fortement ancrée dans certaines localités, cela en fonction du contexte social et historique du milieu. Affirmons toute fois que cette collaboration n’est pas spécifiquement défini par la loi.
Cette fiche est issue de l’entretien avec réalisé avec Monsieur Nouhoum KANTE du Tribunal de 1ere Instance Lafiabougou/ Bamako.