La route rapproche, Policiers et Gendarmes désintègrent
By LAKOSSO, Gervais
Longue de plus de 1500 KM, la route Bangui - Douala, grâce aux efforts des gouvernements et les aides des partenaires financiers du Camerounet de la République Centrafricaine, est en train de mettre le tapis noir pour la satisfaction de ses usagers. Il ne reste au trop que 500 KM pour que ces pays frères soient entièrement reliés par une route bitumée. Ce qui réduira le coût du transport et le délais de route et accentuera naturellement les transactions entre les deux pays. Seulement, les agents de l’ordre des deux pays encombrent terriblement la libre circulation des biens et des personnes. En dépit des textes de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEMAC) et des traités qui lient les deux états.
Au Cameroun, les Centrafricains doivent verser 1000F CFA aux agents de police et 2000 F CFA aux gendarmes pour pouvoir circuler librement. En Centrafrique, les Camerounais payent les mêmes tribus aux policiers et gendarmes. Ceci sans timbres, ni une moindre facture ou document officiel. C’est pour la poche des agents et leurs supérieurs qui les envoient et les couvrent, car il ne sert à rien de discuter avec eux ou d’aller voir leurs supérieurs pour faire la justice.( Bonnet blanc. Blanc bonnet )
Je donne ici le récit d’un voyage vécu par moi même et qui confirme cet état de fait.
Parti de Douala à bord d’un fourgon importé de l’Europe pour Bangui, trois Artistes dont deux Camerounais qui allaient à un stage organisé par le centre pilote de la Francophonie à Bangui et un Centrafricain qui rentrait chez lui après sa participation à un festival de théâtre et un stage auprès du Groupe CulturA à Yaoundé. ( Exemple d’une coopération et intégration agissante entre les deux pays).
Il faut remarquer que le Chauffeur et le convoyeur du fourgon sont Centrafricains. Le fourgon quitta Douala à 20h avec trois passagers à bord. Les deux autres devaient embarquer à Yaoundé. Entre Douala et Edéa, ville industrielle du Cameroun, nous avons croisés six contrôles de police et gendarmerie. Cela s’est passé comme d’habitude. A Edéa, les policiers du poste de contrôle de la sortie de la ville exigent que le véhicule soit entièrement déchargé pour qu’ils contrôlent le contenu sachant bien que cela ne relève pas de leur compétence de contrôler un véhicule en transit dont la feuille de route ne souffre d’aucune infraction. Ils ont donc refusé les traditionnels 2000 F et veulent plus sinon, le déchargement du véhicule. Après trois heures de négociation et sentant que le convoyeur ne peut plus céder, ils ont accepté 3000 F en disant que c’est une faveur. Le périple reprend de plus bel. Entre Edéa et Yaoundé, nous avions rencontrés plus de 17 postes de contrôles auprès desquels nous avions fait la formalité( le payement des deux ou trois mille francs).
A Yaoundé, nous sommes allés au quartier Mvog ada, un quartier chaud de Yaoundé pour prendre les deux autres passagers. Il était déjà 5h du matin. Nous avions donc fait les 265 KM de Douala à Yaoundé en 9h de temps sur une auto route.
En se rendant au quartier Bastos ( toujours à Yaoundé) pour décharger une commission avant de prendre la route, la patrouille mobile de la gendarmerie nous a suivi et nous a spectaculairement barrée la route avec leur 4X4. Tout cela pour une simple formalité.
De Yaoundé à la frontière centrafricaine( plus de 600 KM ), nous avions passés 36 postes de contrôles de police et gendarmerie et parfois des gardes forestières. A chaque poste, même geste. Signalons d’ores et déjà qu’ils ne vérifient même pas les papiers. Il suffit de préparer un bon montant pour les formalités comme cela s’appelle, on peut passer avec n’importe quoi sur cette voie. Si vous essayez par contre de prôner les textes ou de discuter avec eux, vous aurez tous les problèmes du monde et perdre vos précieux délais de route. Alors il faut composer avec les diables.
Pourtant à la frontière on ne peut s’empêcher de remarquer la bonne coopération entre les deux peuples frères, malgré une récente crise entre un détachement de l’armée centrafricaine et leurs frères d’armes du Cameroun sur une affaire de borne limitrophe. Il y a même une free zone aménagée entre les deux pays. Une plate forme de plus de 1500 m2 jonchée de bars, auberges, restaurants et maquis. Là au moins , il y a la libre circulation. On ne sait même pas qui est Centrafricain, qui est Camerounais. Les autochtones parlent une même langue locale ( le Gbaya). Presque tous les Camerounais s’expriment très bien en Sängö ( langue nationale et deuxième langue officielle de Centrafrique ).
Notre voyage n’est pas fini. Nous avons encore plus de 600 KM à parcourir pour être à Bangui. Dans les mêmes circonstances qu’au Cameroun, à la différence des agents de l’ordre camerounais, les policiers et gendarmes Centrafricains faisaient quand même semblant d’enregistrer les noms et numéros de passeport des passagers et l’immatriculation du véhicule dans des cahiers que même l’homme le plus naïf du monde ne peut prendre au sérieux. Certains le faisaient sur des papiers volants.
A Boali ville située à 100 KM de Bangui, nous avions carrément abandonnés les passeports des deux Camerounais aux agents de la garde présidentielle qui voulaient 5000 F par passeport. Ceux ci ont finalement perdu la formalité car ils étaient obligés grâce à l’intervention du Député de la ville voisine qui se rendait à Bangui de nous rendre les deux titres de voyage. Nous avions fait embarquer les deux Artistes Camerounais à bord du véhicule du Député pour faire un peu d’économie. Nous sommes donc arrivés à Bangui après cinq jours de péripéties.
Sur nos lèvres revenaient ces mots. A quoi bon bitumer la route, si on ne peut pas aller vite dessus ? Ca sert à quoi de voter des textes, ériger des lois sans les faire respecter ?
Nous invitons les fils du Cameroun et de Centrafrique à se pencher sérieusement sur cette situation car il est n’est normal que ca se passe comme cela. A bon entendeur, Action.