Le Plan Sésame : en panne ou en agonie ?

Mes désillusions au centre de santé de Nioro

Agent âgé de près de 64 ans, retraité puis rentré au bercail, j’avais fondé tout mon espoir au Plan sésame : un programme effectif depuis le 1er septembre 2006. C’est pourquoi je me suis toujours interrogé sur les conditions de pouvoir en jouir. J’en fis l’expérience, la quinzaine écoulée. En voici les péripéties.

Terrassé par un mal de pied, je me résolus à me présenter au centre de santé de référence de Nioro du Rip (Sénégal), le seul que compte le département. Avant d’y aller, les conditions et les modalités des prestations m’avaient été expliquées :

Après un bref contrôle de ma pièce nationale d’identité, l’agent me signifia que je remplissais l’unique condition. Donc la formule magique « sésame, ouvre-toi » semblait fonctionner !

Vu l’état des douleurs ressenties, il me convenait d’être consulté par le médecin - chef. Première déception : il fallait s’acquitter d’un ticket moyennant 1000francs. Je respectai tout de même la consigne en me disant que c’était peut-être une forme symbolique de ma participation citoyenne aux exigences du fonctionnement du secteur de la santé. Après quelques heures d’attente, face à l’impossibilité d’accéder au médecin, je rentrai tout bonnement chez moi.

Le lendemain, je me présentai de nouveau sur les lieux. A mon grand étonnement, le chargé de vérification des entrées tenta de me renvoyer. Je ne pus penser un seul instant qu’il osât me demander de payer un autre ticket. Pourtant, c’était son intention. Les nerfs à vif, j’engageai à mon corps défendant une vive altercation avec lui. Alerté par le bruit, le médecin adjoint d’à côté sortit pour s’enquérir de la situation.

Avisé, il me demanda de le rejoindre à son bureau. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Après la consultation, il eut l’amabilité de me servir lui-même les médicaments indiqués sur l’ordonnance prescrite.

Comme convenu, je retournai au centre une semaine après. Troisième déconvenue, l’achat du ticket de 1000 francs fut exigé de nouveau. Je refusai fermement de déférer à cette injonction, d’autant plus qu’il s’agissait d’un simple rendez-vous de contrôle. D’ailleurs, les mêmes causes produisant les mêmes effets, un seul médecin répondait à l’appel ; les deux (2) autres dont mon médecin traitant, étaient absents de Nioro. Et le médecin- chef, parti à l’étranger, en avait pour au moins un bimestre !

N’eût été l’aide d’un tiers, un professionnel de santé en visite à Nioro, il m’aurait été impossible de me procurer le médicament à renouveler. Un médicament hors de portée eu égard à ma maigre bourse.

Jusqu’ici, malgré le traitement, je traine la maladie. Et je m’interroge sur la nature des dépenses ultérieures en consultations, examens radiologiques, médicaments exclus de l’initiative de Bamako.

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Un constat : la prise en charge des personnes âgées telle que visée par le Plan sésame se trouve contredite par les faits. Du moins à Nioro. Sur le terrain, c’est comme si les concernés étaient floués selon une programmation inédite.

Pis, il nous est revenu que le minimum assuré à Nioro ne l’est même pas ailleurs dans le Saloum. A fortiori dans les hôpitaux régionaux.

Quelle que puisse être la forme de solution à la situation, si la gratuité n’intègre pas les médicaments très onéreux liés aux véritables maladies du troisièmes âge (prothèses, lunettes, médicaments contre les prostatites, les formes de diabète….), il est clair que le Plan Sésame restera au stade des principes.

Et comme la santé a un coût, l’Etat, les collectivités locales, les ONG/ Associations, les concernés, etc. devraient s’impliquer davantage en vue de la performance de ce programme social à grande échelle.

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