Les freins à la participation des populations à l’effort de santé

Quand la politique fait bouder le poste de Médina Sabakh

La santé n’est plus perçue aujourd’hui comme dans les années 60. En effet, pendant les deux premières décennies qui ont suivi l’indépendance, les populations jouissaient de la quasi-gratuité des soins, des consultations et hospitalisations. C’était une des manifestations de l’Etat providence. Mais, par la suite des programmes d’ajustement structurel successifs, l’Etat s’est désengagé de maints secteurs. Et même dans le secteur de la santé publique, les populations sont appelées à participer à l’effort de santé.

En milieu rural, l’on s’est aperçu à juste titre que la médecine traditionnelle à elle seule ne peut régler tous les problèmes des populations en matière de santé. Aussi, les acteurs ruraux sont-ils résolus à s’orienter vers la médecine moderne en acceptant de consentir à participer à l’effort de santé et à trouver des partenaires, notamment de l’extérieur par le biais des structures décentralisées. En voici un cas singulier.

Un jeune natif du village de Médina Sabakh, avant d’émigrer en Espagne, a été plusieurs fois témoin de cas de malades se trouvant dans l’incapacité d’acheter des médicaments et pourtant de moindre coût. Très affecté par ces scènes et depuis l’Europe, il demanda au comité de santé de lui dresser la liste des médicaments les plus courants dans la Communauté Rurale. Et le comité de santé s’exécuta sans tarder avec les conseils et la participation active de l’Infirmier Chef de Poste. Il acheta ainsi plusieurs cartons de médicaments et les envoya au nom de S.T. qui se trouve être son frère germain et de surcroît responsable d’un parti politique de la localité. Il revenait à ce dernier de remettre les cartons au comité de santé ; ce qui était mal vu par certains membres de cette instance qui soupçonnaient une tentative de récupération politique. La méfiance de certains membres du comité de santé a entraîné le blocage des cartons de médicaments pendant longtemps chez le responsable politique au détriment des populations qui en avaient pourtant grandement besoin. Voilà encore un cas, parmi tant d’autres, qui démontre que les tensions politiques portent souvent préjudice à l’intérêt supérieur de toute la collectivité.

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Cette expérience illustre avec éloquence qu’au Sénégal le comportement partisan prend souvent le pas sur celui du citoyen. Comme le donateur est censé appuyer les populations en dehors de toute considération partisane, il aurait dû faire passer les médicaments par le comité de santé, élu par les populations pour la gestion des problèmes de santé.

Le « boycott » des médicaments est un signe de maturité des populations. Et c’est un signal fort pour réaffirmer que les partenaires au développement, les ONG, les ressortissants locaux expatriés en Europe ou aux Etats-Unis ne doivent en aucun cas subordonner leurs actes citoyens à des conditionnalités politiques.

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