By SIAKA, Danny Clovis
Le processus de décentralisation des institutions de la vie nationale initié depuis la constitution de 1996 au Cameroun et surtout, sous l'impulsion de la Banque Mondiale connaît déjà son aboutissement au Ministère de l'Education Nationale avec la décentralisation de la solde. Cette entreprise qui vise à decongestionner l'administration des finances autrefois gestionnaire exclusif des questions des finances dans le pays permettra à terme que les fonctionnaires de l'Education Nationale n'aient plus à dépendre que de leur ministère utilisateur, au détriment du Ministère des Finances et du Ministère de la Fonction Publique comme jadis. Cette mesure trouve sur place des structures favorables à une réussite de la décentralisation, étant donné que le porte-feuille de l'Education Nationale au Cameroun est l'objet d'une déconcentration proche de la décentralisation.
En effet à côté de la ''déconcentration administrative'' qui veut que des structures de l'Education Nationale soient représentées partout dans l'arrière-pays, on peut relever la ''déconcentration technique''qui, elle, est relative à la délocalisation des structures de gestion de l'Education Nationale en vue d'une gestion participative de ce secteur de la république par les populations locales. Ainsi, entre des structures de ''déconcentration administrative'' ( délégarions provinciales, départementales, services d'arrondissements et lycées ) et de ''déconcentration technique'' ( Association des parents d'élèves - APE - comités de gestion), des conflits, ouverts ou larvés, existent, faisant des victimes tant au rang des éducateurs qu'au rang des éducateurs qu'au rang des élèves. Cela est attesté par les contentieux ayant récemment opposé un professeur des lycées camerounais à l'administration de l'Education Nationale d'une part et par la vague de rejet du droit de nouveaux lauréats au concours d'entrée en sixième à leur inscription au lycée d'autre part.
La loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 institue la décentralisation au Cameroun. Mais, depuis lors, on ne note aucune évolution dans ce sens, dans la pratique. Si l'on peut justifier cela par l'absence d'un texte d'application de cette disposition constitutionnelle, il reste que cette situation paralyse considérablement la vie nationale, et précisément le secteur de l'Education nationale.
Le secteur de l'éducation est un miroir fidèle qui nous renvoie les offres de l'opposition villes-campagnes. Si on note une forte concentration des structures d'éducation en ville, c'est le contraire qui prévaut dans les campagnes. Et malgré tout cela, le grand " manrouth " qu'est le Ministère de l'Education Nationale continue toujours de tenir seule le manche du long marteau qui frappe partou dans la république. Les conséquences de cet état de choses sont multiples : laxisme dans la gestion, c'est-à-dire dans l'identification des problèmes et dans l'élection des mesures correctives ou réparatrices, injustices diverses ayant pour conséquence le sacrifice des droits des enseignants et des élèves.
Ainsi, et d'une part, en ce qui concerne le sacrifice des droits des enseignants, il faut évoquer le contentieux dont nous avons fait mention plus haut pour dire qu'en dépit des avantages incontestables de la décentralisation de la solde (du processus d'intégration des fonctionnaires, du traitement des dossiers et efficacité de la gestion des ressources humaines), on lui reconnaît des inconvénients notables : gestion hasardeuse de la carrière des enseignants, moyen de livraison de batailles rancunières ou hianeuses. C'est dire qu'en racourcissant le manche, on renforce les caprices de celui qui le tient, puisqu'il peut assiner le coup sur quiconque il veut, vu leur précédents plus ou moins fâcheux. C'est bien la querelle personnelle qui a été avancée par l'enseignant victime pour expliquer ses déboirs avec l'administration qui avait décidé de couper son salaire.
D'autre part, en ce qui concerne le sacrifice des droits des élèves, il convient de relever que les manouvres entreprises afin de déchoir les jeunes lauréats de leur droit de s'inscrire au lycée participent de la maladministration, mieux du malfonctionnement de l'administration de l'éducation nationale au Cameroun. La concentration dans les centraux du ministère de l'observatoire de la gouvernance et de la cellule de la lutte contre la corruption abandonne à leur injuste sort les populations de la périphérie qui sont fragilisées face aux agissements des représentants locaux de l'Education Nationale. Ainsi devient-il loisible de penser que ces instances ne sont qu'un luxe, d'autant plus que les structures de déconcentration technique mentionnées plus haut, dépourvues de tout pouvoir effectif (d'initiative, d'administration et même de sanction) sont accusées d'être infélées à l'administration centrale qu'elles servent fidèlement.
Loin de penser à l'inutilité de la décentralisation dans l'éducation nationale au Cameroun, ou de conclure à son échec, nous estimons qu'ilest plutôt pertinent de montrer les ronces qui jonchent le chemin de ce processus dans un secteur éminnent névralgique de la vie nationale.