By Tikpi Atchadam, Ouro Djobo GBELE-GUEWE (Sokodé, November 2009)
Les causes des conflits dans le milieu tém
Les conflits viennent souvent de l’incompréhension. Il y a des gens qui veulent toujours avoir raison sur les autres alors que la vérité est immense. Vous savez, les êtres humains voient différemment la même chose. Quand on ne tient pas compte de ça, on ne peut pas se comprendre et un conflit est vite arrivé.
Ensuite, le non respect de l’âge. Dans nos sociétés, l’âge est très important. C’est pourquoi quand vous êtes dans un groupe, chacun doit connaître sa position en termes d’âge par rapport à tous les autres membres du groupe. Les places, la prise de parole, les regards, le manger, etc. tout se détermine et se fait sur la base de l’âge.
Aussi, un conflit mal réglé est une cause d’un nouveau conflit d’ailleurs plus grave que le conflit initial. C’est pourquoi il faut prendre le temps qu’il faut pour régler un conflit.
Enfin, la méconnaissance de soi et l’ignorance du passé est source de conflits. En effet, chaque être humain doit se connaître, connaître son tempérament pour éviter les conflits. Si je me connais impulsif, je sais avec qui causer et où aller m’asseoir. Mais ceci n’est pas suffisant ; il faut connaître autrui, son tempérament.
Typologie des conflits
Il y a les conflits de terre, de femmes, de sorcellerie, de créances etc.
Résolution des conflits
Le seul moyen de régler un conflit déjà né c’est d’amener la partie qui a tort à demander pardon à l’autre partie en dehors de tout égoïsme et en écartant tout orgueil. Ici chez nous, c’est par le procès que nous réglons nos différends. On peut le faire selon les cas ou la gravité du conflit, chez le sage de la maison, le chef de quartier, le chef du village ou le roi-dieu. Nous nous efforçons autant que faire se peut à dire la vérité aux parties afin d’éviter que le conflit ne se transforme pour prendre une dimension plus importante. Celui qui a tort présente des excuses publiques à celui qui a raison. Mais celui qui a tort ne doit pas être humilié. On les invite à ne pas garder rancune entre eux.
Dans nombre de cas, le sage ou la cour se rapporte au passé. Peut-être que les familles en conflit ou les jeunes en conflit sont descendants des parents qui ont eu par le passé des relations très amicales ou très fraternelles. Donc nous avons recours à la parenté des parties.
Le conflit est parfois une opportunité de révélation ou de connaissance des liens familiaux ou des rapports antérieurs amicaux entre les parents ou familles des deux parties en conflit. Nous nous appuyons sur ça pour régler nombre de conflits. On sait que la connaissance d’autrui ou la connaissance du passé est fondamentale pour éviter ou régler le conflit. Quand on ne se connait pas autrui, il y a un grand risque de conflit sur la base des préjugés de chacun de nous.
Dans ces cas, au lieu de régler le conflit qui lui est présenté, le sage se borne à réprimander les parties. Leur conflit nous révèle la fragilité de la vie et le fait que la vie parfois est faite de déceptions. Par exemple, deux familles ou des jeunes dont les parents ont été très amis sont en conflit et se battent. Ces jeunes viennent de créer un mauvais souvenir chez le sage. Ce que la mort est capable de provoquer comme recul dans la fraternité. Les enfants de ceux qui ont été de meilleurs amis se battent.
Ceci permet de renouveler ces rapports fraternels ou amicaux qui ont existé entre les parents parfois défunts. D’où on a souvent dit que pour mieux se connaitre, il faut qu’il ya ait de différents entre vous.
La communauté d’histoire et de culture enseignée aux générations actuelles contribuerait, à n’en point douter, à apaiser les conflits, voire à éviter les conflits en Afrique.