By GAKUNZI, David
David Gakunzi : Quelles leçons pouvons-nous tirer du processus de réconciliation mozambicain ? Comment voyez-vous la question de la réconciliation et de la justice ? ; Alfiado Zunguza : La principale leçon que l’on peut tirer du processus de paix au Mozambique est avant tout la volonté politique des leaders. Les leaders doivent s’engager en faveur de la paix et créer cet espace pour la paix. Au Mozambique, Chissano par exemple s’est engagé. La première leçon est la volonté politique du gouvernement de fournir un espace pour que la réconciliation ait lieu.; La deuxième grande leçon est que les communautés ont un rôle à jouer. Le processus de réconciliation n’est pas seulement la préoccupation du gouvernement ou des partis politiques, elle doit aussi être celle des communautés elles-mêmes. Elles sont les premiers acteurs du processus de paix comme du processus de réconciliation. Si les communautés ne s’impliquent pas et si elles ne comprennent pas la nécessité de la réconciliation, les politiciens peuvent facilement manipuler le peuple et continuer la guerre. Quand les politiciens réalisent qu’il n’y a pas d’électeurs en faveur de la guerre, ils n’ont plus d’autre choix que de chercher à rétablir la paix et à organiser la réconciliation.; La troisième leçon est que la culture est un outil important au service de la réconciliation. Il est vrai que certaines valeurs culturelles font la promotion de la guerre ; néammoins la culture peut être une source de réconciliation. Le Mozambique est un exemple d’utilisation de la culture traditionnelle pour la réintégration des personnes dans leurs communautés, et l’on doit s’en inspirer. A travers ces mécanismes, à travers les cérémonies, les gens se sont sentis réintégrés, acceptés, et ne ressentaient plus le besoin de retourner combattre.; Ce sont les quelques leçons que nous pouvons tirer du processus de paix mozambicain. Le recours aux valeurs culturelles, le rôle des communautés elles-mêmes comme source principale et acteurs du processus de réconciliation et la volonté politique pour fournir à ces communautés un espace pour la réconciliation.; La question de la justice et de la réconciliation est très difficile, parce que nous en avons des interprétations différentes. Concernant le Mozambique, si vous réclamez la justice pour que la réconciliation puisse avoir lieu, on vous demandera ce que vous entendez par justice. Certains diront que ceux qui ont commis des crimes doivent être traduits en justice et punis pour tout ce qu’ils ont fait, mais si de nouveau vous vous tournez vers les références culturelles, vous verrez que les populations sont plus intéressées par la réparation par exemple que par la punition, et qu’ils parlent plus souvent de justice réparatrice que de rétribution de la justice. Nous devons comprendre cette percpetion de la communauté. Les membres de la communauté veulent une compensation pour les choses qu’ils ont perdues, mais pas nécessairement que quelqu’un soit puni. Nous pouvons le faire mais l’objectif, dans le système judiciaire traditionnel, est de restaurer ou de restituer ce qui a été détruit, ce qui a été endommagé durant un conflit. Nous devons prendre cela en compte.