Le mariage forcé et ses conséquences au Burkina Faso
By KANTIONO, Odile (Ouagadougou, December 2001)
De part sa définition, le mariage requiert le consentement mutuel des conjoints. Cela n’est pas toujours le cas au Burkina Faso où, dans les sociétés fortement traditionnelles les filles sont encore de nos jours données en mariage sans leur consentement .
En effet, dans certaines familles, le père ou les oncles peuvent décider de donner une fille à un homme qu’elle ne connaît parfois même pas et cela moyennant une dote qui varie selon les régions. Par endroit, cette dote peut être évaluée en argent et dans d’autres en tête de bétail comme c’est le cas chez les Dagara, ethnie de la région du sud-ouest du Burkina, où c’est des boufs qui sont réclamés à la famille de l’homme en échange de la fille. Celle-ci échangée devient un objet, un bien pour la famille qui la conquiert.
Des filles se trouvent ainsi mariées de force à des hommes pouvant souvent être leur père ou même grand-père, tant la différence d’âge est énorme. Elles sont ainsi utilisées à titre économique puisque permettant à leur familles de tirer parfois bénéfice.
Les filles qui refusent ce mariage sont considérées comme désobéissantes à leurs parents et bannies de la famille. Aucun membre de la famille ne doit plus ni les accueillir, ni leur adresser la parole ; ce qui entraîne souvent des errances dans la rue, la prostitution, la délinquance, cause aussi de propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) et du SIDA.
Autre cas de mariage forcé dans ces sociétés est le lévirat qui est le fait pour une veuve de se remarier au frère de son défunt mari, car elle demeure un bien familial et doit rester dans la famille. Le lévirat a aussi pour conséquence de propager les MST et le SIDA car le mari défunt peut avoir contaminer la femme avant de mourir.
Les parents qui pratiquent le mariage forcé ne réalisent pas les conséquences combien déplorables pour leurs filles. En effet dans il n’y a point d’amour, donc pas d’entente ni de compréhension ; ce qui annonce les violences répétées sur les femmes ou la soumission de celles-ci pour éviter d’être battues ou bannies.
Bien que la loi burkinabé punisse le mariage forcé, nombre de régions continuent encore à la pratiquer car les parents veulent tirer bénéfice de leurs filles ou les préfèrent dans un foyer, ce qui est synonyme de respect.
Mme Kantiono est membre du collège des femmes et de l’Association pour la sauvegarde des enfants déshérités (ASED)
BP 4855 Ouagadougou 01- email : kabrer@hotmail.com