justice informelle et légalité

Makénéné (localité de la province du centre au Cameroun), un jour de marché, vendredi. Le maire dans le cadre de sa mission de réaménagement de la place du marché occupé de manière anarchique par les vendeurs qui exposent leurs marchandises jusqu’à occuper une partie de la chaussée. Il est à noter que la route qui traverse la localité est un axe lourd qui est très utilisé. Ce vendredi donc, le maire, flanqué de ses sbires qui ne sont pas des agents des forces de l’ordre, poursuit sa tâche de déguerpissement, parfois manu militari. Il bouscule et renverse tout ce qu’il estime ne pas être au bon endroit sur la place du marché. Il arrive à la hauteur d’une dame qu’il empoigne et gifle sans ménagement, l’accusant d’être la propriétaire de la marchandise qui se trouvait devant elle. Il se veut à cette dame parce qu’il estime qu’elle n’obéit pas à ses instructions.

Cet affront est rapporté au fils aîné de la dame environ quinze minutes après l’incident qui a provoqué un attroupement. Fort heureusement, la victime n’a pas empoigné à son tour M. le maire dit-elle par respect pour son autorité. Notons au passage que cette maman est veuve et son unique recours reste ses enfants.

Le fils de cette dernière évite l’esclandre, il respecte aussi le maire. Il saute dans un taxi et va voir M. le commandant de brigade à qui il raconte sa mésaventure. " Monsieur le commandant, je suis venu vous avertir d’aller me venger. J’ai trop de respect pour le maire mais il se trouve que le maire a giflé et bousculé ma mère au marché. Heureusement, il a encore sa mère. Aussi vais-je me venger sur elle. Je m’en vais de ce pas gifler et bousculer la mère du maire. Advienne que pourra. "

Et le commandant de lui répondre : " Mon fils, tu es très intéressant et j’apprécie beaucoup ta démarche. Je t’aurais coffré si le maire venait me dire que tu l’as fait. Sois tolérant et ravale ta vengeance. "

C’est de cette manière que le commandant a réglé un incident dont les conséquences auraient pu être immenses.

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Alors que les discours officiels font la part belle au respect de l’intégrité d’autrui et à la tolérance, nos élus locaux continuent de se comporter en bourreaux, abusant de leur autorité, châtiant sans juger leurs administrés. Ces faits peuvent créer des révoltes dans leurs unités faisant de celles-ci des jungles. Ce jeune a fait exactement ce que le maire devait faire, c’est-à-dire, utiliser les voies légales pour défendre sa cause. S’il s’adjoignait des gendarmes, ceux-ci eurent emporté la marchandise en question, sans passer certainement aux voies de fait et on aurait facilement identifié son propriétaire. L’intolérance a failli pousser ce jeune à commettre un crime, porter atteinte à l’intégrité physique d’une personne de troisième âge et croulante. Le respect de l’autorité a eu raison de lui : il en a référé au commandant de brigade et il a respecté le maire quoiqu’il ait laissé bafouer son honneur.

Ceci est important de noter que, les jeunes en général devraient être respectueux vis-à-vis des aînés et également de l’État. Ils doivent travailler leur esprit de discernement pour ne pas d’office figure de marionnettes, trimbalés à la fois par l’opposition et le pouvoir.

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