L’illusion de la sécurité routière au Togo

La route, en Afrique, tue davantage que le SIDA, voire le paludisme. D’année en année, les faits divers sanglants qui envahissent les journaux et la précision cruelle des chiffres font apparaître qu’une véritable hécatombe se déroule dans le quotidien, dans une relative indifférence, là où serait une nécessaire mobilisation générale. En Afrique, prendre la route est un pari que chaque conducteur fait sur la chance tant les dangers sont nombreux.

Le Togo connaît entre 3000 et 4000 accidents par an, avec un accroissement notable des victimes. Quoique moins fréquentes les dernières années, les accidents deviennent plus meurtriers. La responsabilité des administrations nationales est patente. Le 20 octobre 1997 sept (7) responsables du syndicat des coiffeurs et coiffeuses du Togo (SYNACOIFTO) ont trouvé la mort dans un accident de circulation sur la nationale N°1, à près de 500km de Lomé. Une défaillance mécanique due à la vétusté du véhicule est à l’origine de ce drame qui a ému le pays. Dans la série des accidents, il faut relater aussi le dérapage, un an plus tôt près d’un village situé sur la même nationale, d’un camion citerne qui s’écrase en contrebas de la chaussée. Le carburant se répand à flot dans les champs avoisinants. Les habitants du village se bousculent pour tenter de se servir en essence à même la nappe enflammée. Résultat : l’incendie se propage. Le bilan est d’une vingtaine de morts. Les grands axes, à l’instar de la nationale N°1, sont connus pour leurs sections dangereuses.

Ces faits sinistres mettent en exergue la responsabilité de l’administration togolaise qui n’envisage pas un contrôle strict des pièces de révision des véhicules et est aussi indifférente quant à l’état défectueux des routes.

On pourra évoquer le cataclysme permanent que constituent les pénuries en tout genre ; réseau routier insuffisant ou soumis à une dégradation accélérée, vétusté du parc automobile, impossibilité de mener des contrôles à grande échelle ou encore absence de conscience collective, et, banalement, faibles ressources des populations qui conduisent petits et grands fraudeurs à se comporter en criminels potentiels de la route. Autrement dit par manque de moyens financiers, certains individus se transforment en ’’coupeurs de route’’ et ravissent les passagers de leurs biens. Il arrive même parfois qu’il ait viol, tuerie et même encore le ravissement du véhicule.

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Rien ne pourra inverser la tendance si les structures de contrôles ne sont pas organisées. Sur ce, les citoyens togolais saisissent la question à bras-le-corps et montrent leur volonté de s’associer aux efforts des responsables. Manquent la coordination de toutes les actions, la rigueur dans le suivi des systèmes de prévention et répression et une volonté de faire de la sécurité routière une affaire nationale. C’est à ce prix seulement que la route ne sera plus le signe d’une lugubre fatalité, mais un élément clé de la modernisation du pays où, la sécurité des transports est une donnée du développement économique.

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