By NGOUBANGOYI, Jean Valère
Réviser la loi de 1901, professionnaliser Organisation non gouvernementale ( Ong) et association, éviter l’amalgame entre société civile et société politique, ne pas être des mendiants internationaux. Autant de points débattus au colloque sur la loi de 1091, par les membres de la société civile.
« La floraison des associations au quelle on assiste, aujourd’hui, fera naître demain une culture qui diminuera, sans doute l’influence des partis politiques » ,espère le Père Christian de la Bresteche, lors du colloque universitaire sur la loi de 1901 sur
les associations et les perspectives offertes à la vie associative au cour de la nouvelle démocratie Congolaise tenu à Brazzaville du 18 au 20 février dernier.
Plus de 200 Ong et associations congolaises étaient présents à ce rendez-vous. Objectif principal : faire une sorte d’état des lieux de ce jeune mouvement associatif encore inexpérimenté. Les organisateurs à savoir : le forum des jeunes entreprises (Fje), Ong d’appui aux initiatives économiques, le Comptoir juridique junior (Cjj) et l’école nationale de l’administration et de la magistrature( Enam), ont regretté que l’an 2001 se soit terminé sans le Congo n’ait pu célébrer le centenaire de la loi de 1901.
Alors que celle-ci régit depuis un siècle la vie associative, pièce maîtresse de la démocratie, dans l’espace culturel francophone.
Beaucoup de facteurs minent encore la vie associative congolaise. Le manque de professionnalisme de ces associations et l’irresponsabilité de ses dirigeants. Ces structures n’ont souvent pas de visibilité : pas de siège, pas de fonds de départ , pas de compte bancaire. La majorité d’entre elles ne possède pas de récépissé délivré par le ministère de l’intérieur. Ce département a été longuement dénoncé par les responsables des associations. Ils l’ont accusé d’être une machine qui bloque l’évolution des Ong et associations en privant celles-ci de récépissé après dépôt de dossier. Les associations qui oeuvrent dans le domaine des droits de l’homme en seraient parmi les victimes. « Le rôle du ministère de l’intérieur n’est pas de chercher à saisir, pourquoi tels individus ont formé telle association. Ou pourquoi avoir fondé telle association, non. Son rôle c’est délivré le récépissé.
Sinon il y a volonté manifeste de nuire » , estiment certains juristes.
Aucun idéal
Mais l’un des facteurs qui tuent ces structures est le fait que la plupart d’entre elles sont dirigées par les fonctionnaires de l’Etat et les hommes politiques .Ils n’ont aucun idéal et visent deux buts : se faire de l’argent et se servir de l’association pour faire
de la politique . « Dès qu’un financement tombe dans la caisse c’est la guerre entre les membres fondateurs. Le président fondateur commence à écarter les têtes gênantes. Il se met à construire des maisons, multiplient des femmes » , dénoncent certains conférenciers qui pensent que ce sont là autant de frein pour le développement de la société civile au Congo. « pendant ce temps, on ne voit aucune réalisation concrète sur le terrain. » Alors qu’ils passent le clair de leur temps à former des projets et à frapper aux portes des bailleurs de fonds : Ong internationale ; agences des Nations Unies, Ambassades, ministères,.
Sur ce registre, le Père Christian a demandé aux patrons d’Ong et associations d’être rigoureux et sérieux dans la gestion de leur comptabilité. « Solliciter une expertise d’une structure qui a déjà de l’expérience en matière » . Car le grand enjeu de la
société civile congolaise aujourd’hui est la reconstruction de la société et de l’Etat, combler aussi les failles là où l’Etat a démissionné.
Réviser la loi de 1901
Faut-il réviser la loi de 1901 ? la question a fait couler beaucoup d’encre et de salive pendant le colloque. Une certaine opinion estime que cette loi française appliquée en afrique francophone comporte des infirmités et serait même dépassée par rapport au
contexte actuel. Mais très peu d’opinion ont adhéré à cette idée. D’aucuns pensent que si cette loi est révisée, elle risque de détruire ce qu’il y a de fondamental : la liberté. Mais que l’ « on prenne quand même des textes d’application pour éviter
l’amalgame entre différents groupements : partis politiques, fondations, associations, mutuelles, .qui sont tous régis par cette loi » , suggère plusieurs intervenants. Le colonel Sola, juriste d’ajouter : « Il ne faut pas aller trop vite en besogne car la loi de 1901 n’est pas aussi mauvaise qu’on ne le croit. En plus on ne l’a pas encore suffisamment expérimenté . »
Quelques experts ont beaucoup insisté sur la nécessité de professionnaliser les associations et Ong de façon à en faire des métiers et à générer des emplois. Elles doivent aussi développer et s’affilier à des réseaux locaux et internationaux. Cela faciliterait la mobilisation des fonds. « Cela ne veut pas dire qu’il faut être de simple succursale des Ong internationales
comme on a tendance à faire au Congo et en Afrique. Un petit mot d’ordre : « Une association n’est pas voué à
la simple mendicité internationale. »
l’auteur est journaliste à Sifya