La rencontre de Dakar entre habitants, élus et professionnels de la ville

De Caracas à Dakar en passant par Salvador de Bahia et Istanbul

En 1991, des responsables politiques et administratifs en charge de la réhabilitation de quartiers populaires des différents continents se réunissent à Caracas pour réfléchir ensemble sur le devenir des quartiers en difficulté, et tombent d’accord sur quelques principes d’action (1).; En 1993, ils se retrouvent à Salvador de Bahia. Aux élus locaux sont venus s’ajouter des représentants d’organisations d’habitants et des ‘professionnels de la ville’ publics et privés. Ils jettent ensemble les bases d’une nouvelle déclaration, appelée ‘déclaration de Salvador’, qui met notamment l’accent sur la nécessité pour les habitants de se faire entendre des pouvoirs publics et, pour ce faire, d’échanger leurs expériences, mais aussi de s’informer et de se former.; Au retour de Salvador, Teolinda Bolivar lance au Vénézuela le bulletin ‘Ciudades de la gente’ (littéralement : ‘les villes des gens’); en France se mettent en place des groupes de parole d’habitants. Ici et là, des dynamiques de construction d’une parole des habitants émergent, des réseaux se dessinent.; Pendant le sommet ‘Habitat II’ de l’ONU qui se tient à Istanbul en juin 1996, est organisé un forum des habitants des quartiers défavorisés, presque comme un contre-sommet, au cours duquel un grand nombre d’acteurs du monde entier ont l’occasion de débattre des mêmes questions et d’échanger leurs expériences. De l’avis des participants, l’expérience est plutôt réussie.; Entre-temps, en France, la fédération nationale des agences d’urbanisme impulse un travail d’échange et de mise en réseau d’élus, de techniciens et d’habitants de plusieurs villes françaises et européennes qui, à l’occasion de deux rencontres en 1997 et 1998, identifient un ensemble de points-clés pour l’élaboration citoyenne de projets urbains.; Toutes ces expériences confirment qu’un enjeu majeur de la gestion des villes est de construire un véritable partenariat entre les différents acteurs des services publics et les habitants. Or, à l’expérience, ce partenariat est difficile à atteindre et de fait rarement effectif. Permettre de le construire est donc une voie de progrès fondamentale.; Le maire de Dakar, présent au sommet Habitat II d’Istanbul, offre alors son partenariat et propose une rencontre interafricaine entre élus locaux, techniciens des services publics et habitants des quartiers défavorisés. Quelques ONG, dont la Fph, et la mairie de Dakar réunies en comité de pilotage appuient cette démarche et la rencontre a lieu en février 1998. Pendant une semaine, les représentants d’organisations de base de onze pays d’Afrique francophone se réunissent, rejoints pendant les trois derniers jours par des techniciens des villes et des ONG, des élus locaux et des représentants d’associations nationales de maires des différents pays. Dans la continuité des réunions précédentes inaugurées à Caracas, le lien entre les habitants de différentes régions du monde est rendu visible par la présence de délégués (habitants et techniciens)du Vénézuela venus incarner la dynamique latino-américaine et par celle de délégués (habitants, techniciens et élus locaux)français venus rendre compte de la dynamique européenne.; Le programme de cette rencontre alternera les ateliers de travail basés sur les expériences des habitants, des visites de terrain, des séances plénières. Une journée entière sera consacrée au thème des violences urbaines, une autre sur celui de la décentralisation en Afrique.; La rencontre de Dakar s’est conclue par une déclaration communément adoptée qui ouvre sur des perspectives prometteuses de construction d’un réseau interafricain d’habitants, de chartes locales reprenant un ensemble de principes élaborés successivement à Caracas et à Salvador de Bahia, d’espaces de formation mutuelle auxquels puissent participer tous ensemble habitants, responsables locaux et professionnels de la ville, et enfin de construction d’un observatoire africain de la décentralisation.

Comments

Sur les trois continents existent à ce jour, à des niveaux différents, l’amorce de relations entre élus, techniciens et habitants permettant d’envisager une transformation des pratiques et des embryons de réseaux d’habitants, à qui il revient de se développer et de prendre toute leur place pour être en mesure de participer activement à l’élaboration des politiques publiques en matière d’habitat et de logement social.

Notes

1998/11/12

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Local Experiences

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Geographic

Stakeholders

Méthodologiques