By POUGOUA, Towa Félicité (March 2001)
La situation sociale de la famille camerounaise est liée à son statut de structure sociale de base d’une société en pleine évolution. Il est le plus souvent mis en évidence une situation de crise marquée par la dynamique permanente du passage de la famille traditionnelle à la famille conjugale. Ce changement institue un style de vie différent marquée par la diminution de l’importance de réseau primaire en général et de réseau de parenté en particulier. C’est pour prendre en compte cette spécificité et cette richesse que le gouvernement a lancé, il y a deux mois, un programme de refonte du code de la famille camerounaise.
La législation actuelle de protection de la famille camerounaise a un caractère extraverti. L’ordonnance de 1981 qui définit le code de la famille en vigueur aujourd’hui au Cameroun n’est qu’une pâle copie du code civil de Napoléon de 1804. D’où la nécessité de faire de larges consultations populaires en vue de mettre sur pied une législation intégrant les prescriptions traditionnelles et les règles de droit moderne. L’objectif ultime étant la structuration et le fonctionnement de la famille. Le programme aujourd’hui en cours suit des principes directeurs parmi lesquels :
* La reconnaissance des compétences et des capacités de toutes les familles camerounaises. L’on prend pour acquis que la structure familiale et les membres qui la composent ont un potentiel de développement.
* La promotion de l’autonomie de la famille : lui donner des moyens et le soutien approprié pour faire des choix et assumer sa responsabilité en tant que structure sociale oeuvrant pour le bien être de tous et de la collectivité
L’implication de la communauté. L’on est conscient de fait que la communauté possède le potentiel naturel lui permettant de prendre une part active aux décisions qui la concernent.
Pour mener ce travail, le pays a été divisé en quatre ensembles grands ensembles sociologiques en vue des consultations populaires. Ces ensembles regroupent des provinces et sont réparties comme suit :
1°)- Nord, Adamaoua, Extrême - Nord ;
2°)- Centre, Sud, Est
3°)- Littoral, Sud-Ouest ;
4°)- Ouest, Nord - Ouest.
Par exemple, pour l’ensemble sociologique Ouest, Nord - Ouest, il est prévu une consultation populaire à Bamenda le 08 Avril 2001 prochain. Y sont conviés, les chefs traditionnels qui maîtrisent les aspects traditionnels de la question, les personnes-ressources, etc. L’on note à ce niveau une délégation d’un certain pouvoir aux collectivités locales et un degré significatif de participation populaire avec l’organisation des focus group (discussions au sein des communautés) en vue de recueillir leurs opinions, leurs attentes par rapport au futur code de la famille camerounaise. C’est de la société civile que doit surgir l’élan des réformes.
Les populations n’ont pas un casier vide. Ce savoir populaire est reconnu et apprécié. Le fait d’être impliqué dans ce processus d’analyse d’une réalité donnée ici le code de la famille crée un sens de propriété de savoir. Alors les communautés en se réappropriant ce savoir, en s’y identifiant, en s’y reconnaissant sont prêts à poser aux actions concrètes.
Au demeurant, la famille est en crise. Il faut sauver la famille camerounaise, ce moyen créateur de l’individu, donc des peuples en s’appuyant sur le passé pour améliorer le futur et sans répudier le présent.
P
Cette fiche a été réalisée dans le cadre du processus " Gouvernance en Afrique : dialogues sur la décentralisation et l’intégration régionale ", lors de la rencontre du collège des éducateurs qui s’est tenu du 03 au 05 avril 2001 à la maison de la culture du palais du sultan Ibrahim Njoya à Foumban.