By AIHOU, Désiré (2001)
Parmi les maux dont souffre l’administration publique béninoise, la corruption est sans doute le plus visible. Il n’est plus un secret pour personne qu’au Bénin de très nombreux agents de l’Etat manquent quotidiennement au devoir de probité qui pèse sur tout dépositaire de l’autorité publique.
Pour lutter contre ce mal et donner un peu de crédibilité à notre administration publique, des mécanismes de lutte contre la corruption des agents de l’Etat ont été initiés. La traque des fonctionnaires corrompus a commencé dans les année 1980 avec le renforcement du contrôle des agents de la police, de la gendarmerie et de la douane qui rackettent à tous les coins de rue les automobilistes et les transporteurs de marchandises. La méthode utilisée était simple Les agents contrôleurs remettaient des billets de banques préalablement marqués et facilement identifiables aux automobilistes qui les distribuaient tout au long de leur parcours pour « acheter » leur droit de passage aux barrières de police, de gendarmerie et des douanes. Les contrôleurs des armées passaient à leur tour, opéraient des fouilles à corps pour découvrir les agents corrompus sur lesquels on retrouvait les billets marqués.
Mais très rapidement les agents de sécurité publics ont trouvé la parade à cette méthode. Ils ne recevaient plus directement en poche l’argent de la corruption. Ils demandaient plutôt aux chauffeurs routiers et autres conducteurs, qui constituent des proies faciles, de poser leur rançons dans une « aumônière » soigneusement dissimulée dans un endroit qu’il pouvaient contrôler à distance. Cette parade rend désormais difficile la preuve de la corruption de ces agents. Mais elle n’a pas pour autant freiné la volonté des gouvernements successifs dans la lutte contre la corruption des fonctionnaires.
En 1989 une ordonnance présidentielle, qui a force de loi, est venue renforcer l’arsenal juridique de lutte contre la corruption au Bénin en élevant au rang délit aussi bien la corruption passive que celle active. Mais c’est surtout en 1996 par un décret du 19 décembre que le gouvernement béninois a pris la mesure des techniques de lutte contre le phénomène. Il a institué, sous la forme d’un service rattaché à la Présidence de la République, une cellule de moralisation de la vie publique. Celle-ci a pour mission entre autres, " d’éduquer les citoyens, de prévenir et de détecter les phénomènes et de lutter énergiquement contre toutes les manifestations de la corruption dans le respect des dispositions légales « . Ainsi est-elle chargée de prévenir l’émergence des phénomènes de corruption par la mise en place de dispositifs adéquats, de concevoir et d’élaborer des stratégies de lutte contre la corruption et faire au Chef de l’Etat des suggestions appropriées en matière de moralisa
tion de la vie publique.
Dirigée par un Conseiller Technique direct du Chef de l’Etat, la Cellule oriente son action sur trois axes : la prévention, la détection et la répression. Elle reçoit, dans l’accomplissement de sa mission l’appuie de tous les services spécialisés de l’Etat, notamment celui de la division " Communication " bien outillée pour réceptionner expertiser, analyser, et traiter toutes les informations relatives à la corruption et de la division " Investigation, suivi et contrôle " chargée d’initier et de conduire les investigations et contrôles nécessaires en liaison avec les structures compétentes et spécialisées. Grâce à tous ces appuis la Cellule arrive périodiquement à évaluer l’impact des stratégies mises en place et les performances atteints.
Aujourd’hui de nombreuses actions concrètes sont à l’actif de la Cellule. Elle a contribué à la création de la Caisse des règlements pécuniaires des avocats (CARPA) pour éviter le détournement des divers indemnités versés par les compagnies d’assurances aux victimes d’accidents. Elle informe aussi intensément les usagers de l’administration par l’élaboration des manuels de procédure. Tous les éléments pour faire aboutir une démarche administrative sont contenus dans ces manuels. Au niveau des services des douanes, la dénonciation et le démantèlement de réseau de faussaires en cartes grises et de minorations de valeur en douane des marchandises est une manche d’un combat remporté et donne à la Cellule l’allure d’une institution redoutée.
Depuis peu la Cellule a intensifié sa compagne de sensibilisation à travers les émissions de radios, de télévision, de conférence et surtout de pancartes géantes installées la plupart des services de l’administration publique.