Quand les « profanes » ont raison sur les « experts »

Imbus de leur savoir faire technique des ingénieurs inondent un quartier malgré l’opposition des populations

1995 la route qui relie Rufisque à Mboro est à reprendre. Sur le tronçon qui traverse le quartier champ des courses, se trouve un pont aussi vieux que la route. L’entreprise maître d’ouvre décide de supprimer le canal qui passe sous le pont pour le remplacer par une dalle en béton.

Les riverains du canal, après concertation rencontrent les ingénieurs constructeurs du chantier et leur font part des risques d’inondation que comporte pareille modification. Malgré cette démarche le pont est remplacé la dalle.

Dés les premières pluies les maisons qui se trouvent du coté droit de la route allant à Mboro sont inondées. L’eau monte jusque dans les chambres et les populations sont obligées de passer des nuits blanches à pomper l’eau, en vain.

Le dimanche les populations décident de barrer la route parce que cette voie est très fréquentée le week-end par les autorités qui vont dans leur maison de campagne. La route est donc barrée par les populations à hauteur de la dalle. Et comme par miracle, une fine pluie se mit à tomber, rendant impossible toute déviation. Les véhicules particuliers furent bloqués sur 8 kilomètres. Les transports en commun établirent un système d’échanges des passagers à hauteur de la barrière.

Le directeur de cabinet du maire entre en négociation avec les manifestants et aboutit à un accord : levée de la barrière contre la mise à disposition du véhicule de vidange des fosses septiques des services communaux. Malheureusement l’accord n’aboutit pas pour cause de panne du camion et le directeur de cabinet se contraint à admettre son incapacité à régler le problème et à alerter ses supérieurs.

La barrière se poursuivit toute la journée dans l’ordre et la discipline malgré l’intervention de l’adjoint au commissaire. Une délégation envoyée chez le préfet se voit notifier son absence. Toutes les autorités sollicitées par les populations pour trouver une solution sont aux abonnés absents.

Au crépuscule la police rassemble toutes ses troupes en tenue de combat et arrive sur les lieux pour interpeller les dirigeants qui embarquent sans la moindre opposition. Et les autres manifestants demandent aussi à monter dans le car de la police. Pour discréditer la manifestation et légitimer l’arrestation des habitants, des partisans du maire habitant le quartier font courir le bruit d’un racket organisé par les manifestants à l’encontre des conducteurs de véhicules.

C’est en ce moment qu’arrive une délégation composée du maire de la ville, du directeur national des Travaux Publics, des représentants de l’entreprise maître d’ouvre. Le maire demande et obtient aussitôt la libération des interpellés.

Après la visite de quelques concessions sinistrées, des pourparlers aboutissent à :

· Une rencontre population autorité dés le lendemain au ministère de l’équipement pour convenir des caractéristiques d’un ouvrage de remplacement de la dalle ;

· L’envoi d’un détachement de sapeurs pompiers pour évacuer l’eau dés le lundi matin ; d’ailleurs à leur arrivée les populations se montrent disposées à donner un coup de main mais on leur oppose une nouvelle fois leur manque de qualification .

Quelques jours après la reprise du pont, un communiqué du délégué de quartier annonce la visite du ministre de l’équipement et demande qu’on lui réserve un accueil chaleureux. Un comité d’initiative se constitue spontanément et fait le tour des maisons pour prier les habitants de rester chez eux et de ne pas accueillir « l’hôte du pont » comme on l’appelait. Ainsi demandé, ainsi fait et la visite se déroule sans les populations malgré les moyens mobilisés : animation musicale, télévision nationale_

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