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Collectif
(Ambroise DAKOUO)
October 2014
De son accession à l’indépendance, en 1960, à nos jours, le Mali, a connu trois (3) républiques, trois (3) coups d’Etat militaire, suivis de trois (3) périodes d’exception et de quatre (4) rebellions armées dans sa partie nord.
Lorsque survient la quatrième rébellion, démarrée le 17 janvier 2012, l’Etat paraît désemparé et impuissant. Le pays découvre brutalement qu’il est dépourvu d’institutions capables de prévoir et de réagir à de telles crises majeures, en dépit de tous les instruments de gestion disponibles et des modalités de régulation prévues dans la Constitution.
Cette crise a aussi, surtout, révélé que le pays est dépourvu de forces armées et de sécurité républicaines, capables de faire face aux exigences de défense des frontières et de sécurisation des personnes et de leurs biens à l’intérieur ; plus grave, elle aura jeté le doute sur la capacité des forces armées et de sécurité à enrayer la menace de partition du territoire national.
Les maliennes et les maliens, brutalement sortis du rêve d’une démocratie de référence et d’un pays exemplaire de stabilité en Afrique, devraient alors faire face à une réalité cauchemardesque :
une majorité des « citoyens » groggy, presque indifférents à une violation grave d’une disposition importante (Art 121) de la Constitution qu’ils ont largement validée, à 98,35 %, en 1992 (Référendum du 12 janvier 1992) ;
des acteurs politiques, une société civile et des médiateurs sociaux divisés, délégitimés et incapables de se retrouver afin de nouer un dialogue serein pour la sortie de crise ;
des institutions « démocratiques » paralysées, décrédibilisées et rejetées par ceux-là même qui sont censés en être les mandants (les citoyens) ;
une administration publique désemparée et plus prompte à abandonner les populations qu’à les protéger ;
un affaissement de l’Etat de droit et de la situation sécuritaire des personnes et des biens (pillage et de saccage). Ceci aussi n’est pas une première ;
des forces de défenses et de sécurité non républicaines et inefficaces, parce que minées par le clanisme, démoralisées par leur sous-équipement et encouragées dans leurs travers par un leadership politique faible et corrompu.
En somme, toute une réalité politique et institutionnelle qui est très loin des attentes d’une grande nation, fière de son histoire plusieurs fois centenaires et de son héritage socioculturel.