Une mutuelle de santé originale d’une école du village de Taïf
Par GAYE, Goumbo (Ngayène, juillet 2009)
Taïf est un village de la communauté rurale de Ngayène, dans l’arrondissement de Médina Sabakh, département de Nioro du Rip.
En ma qualité d’enseignant dans ladite localité, en 2005, j’avais constaté que les élèves tombaient très souvent malades à cause du paludisme qui sévissait dans la zone. Il convient de préciser que le village ne dispose pas de poste de santé et dépend de Ngayène, communauté rurale abritant l’unique poste de santé et couvrant tous les 23 villages environnants.
Un jour, j’ai proposé aux parents de créer une mutuelle de santé. Il s’agissait, pour les élèves, de se cotiser à raison de 200 F par élève ; la totalité de la somme devant par la suite être versée au comité de santé de Ngayène. De sorte que, le cas échéant, on puisse prélever de cette somme le nécessaire pour traiter les malades acheminés à Ngayène..
Et comme j’étais moi-même membre du comité de santé de Ngayène -d’où je suis originaire-, je savais que les frais du traitement d’un accès palustre avoisinaient les 1000 F et dépassaient rarement 2500 F. Ainsi, les 86 élèves des 2 classes de l’école, après acquittement des cotisations ont pu engranger la coquette somme de 17 200 F.
En conséquence, tout élève malade est amené à Ngayène (environ 4 Km de Taïf) par moi-même sur ma moto. Arrivée au poste il a même un traitement de faveur car, il est immédiatement accueilli sans suivre les rangs, puis traité. Et je me chargeais moi-même du transport, sans bourse délier.
A la fin de l’année scolaire, le bilan était doublement positif : il restait encore de l’argent en caisse à reverser sur le compte pour l’année suivante et la justification des absences se trouvait automatiquement réglée.
La participation des populations à l’effort de santé, au-delà des de l’organisation autour du comité de santé, trouve ici une manifestation originale et citoyenne. Spontanément, un enseignant mu par l’éthique et la déontologie professionnelles, a pu de façon ascendante et consensuelle créer un mécanisme souple de contractualisation entre des élèves et la structure sanitaire en vue d’une satisfaction efficiente des soins de santé primaires des bénéficiaires. Ils auront ainsi fait du slogan « La Santé pour tous et par tous » une réalité et non un simple vœu !