Le cas typique du poste de santé de Dabaly
Par BA, Adama (Paoskoto, juin 2009)
Par la loi 96 – 07 du 22 mars 1996, l’Etat du Sénégal a transféré 9 domaines de compétence aux collectivités locales dont la santé.
Au début, l’application de cette réforme a posé beaucoup de problèmes. C’est le cas au moment de la création d’un poste de santé dans la communauté rurale de Paoskoto, dans le département de Nioro du Rip, région de Kaolack. Il fallait alors choisir une seule localité entre Ndama et Dabaly.
Ndama est un gros village, qui polarise six autres villages : Keur Mbaye, Maka Ndieguène, Ndiawène, Maka Keur Abdou Khatia, Santhie Diamal, Kapaye, tous dans un rayon de 3 Km en moyenne, et la population totale dépasse 10 000 habitants. Les critères pour qu’un village bénéficie d’un poste de santé exigent, au moins, une population de 7 000 habitants.
Ndama, bien qu’ayant rempli toutes les conditions, n’a bénéficié que de la portion congrue, une maternité rurale en 1982. Depuis lors, aucun personnel de l’administration de la santé n’y a servi. Il s’est agi donc d’une gestion totalement privée. Les prestations de services de l’agent privé, qui s’est acquitté consciencieusement de son travail 8 ans durant sont très appréciées des populations. Mais le rayonnement de cette maternité rurale, qui capte une bonne partie de la clientèle potentielle de la zone irrite l’Infirmier Chef de Poste (ICP) de Dabaly qui estime que ses clients sont « détournés ». Aussi, toute une stratégie est mise en œuvre pour affaiblir la maternité rurale de Ndama : stricte limitation de la dotation de médicaments, campagne de désinformation et de calomnie mettant en cause la compétence de l’agent privé auprès des populations. En fin de compte, l’agent de la maternité de Ndama a fini par baisser les bras. Ainsi, depuis prés de 8 ans, la maternité est fermée au grand dam des populations avec comme conséquence beaucoup de décès enregistrés surtout lors de transfert de femmes en état de grossesse vers Dabaly sur 9 Km de piste ou vers Paoskoto sur 17 Km de piste ou vers Nioro sur 12 Km de piste.
Dabaly est aussi un gros village mais qui est très loin de polariser autant de villages que Ndama. Mais il se trouve que le Président du Conseil Rural de Paoskoto, à cette époque D.S. était natif de Dabaly. Et c’est ce seul critère qui ait prévalu dans l’implantation du poste de santé à Dabaly. Ce choix qui objectivement devait porter sur Ndama a suscité une réelle frustration des populations de Ndama et des villages polarisés qui boycottent Dabaly et préfèrent aller au poste de santé de Kayemor, de Paoskoto et même au centre de santé de référence de Nioro.
Il est établi que, jusqu’ici, le poste de santé de Dabaly est très loin de fonctionner à plein régime.
L’implantation d’une structure de santé doit obéir à des critères objectifs :
• Existence d’une population relativement importante ;
• Accessibilité de la structure (désenclavement) ;
• Campagne (IEC) en direction des populations ;
• Dépolitisation des critères de choix
Faute de quoi, les populations blasées se détournent complètement de la participation à l’effort de santé. Et de ne voir en ce slogan « La Santé pour tous et par tous » qu’un vœu pieux !