Un chirurgien de la région à la rescousse du district sanitaire : actions désintéressées ?
Par SENE, Fatou (Nioro du Rip, juillet 2009)
Quoique agent du personnel non qualifié pris en charge par le comité de santé, je puis faire un diagnostic de quelques maux dont souffre notre centre de santé de Nioro du Rip (Sénégal). Et ici il est question du déficit en personnels spécialistes. Et plus précisément en chirurgie, un service qui me taraude l’esprit.
Le centre dispose d’un ensemble d’équipements adéquats selon les connaisseurs. Mais il se pose le problème de techniciens qualifiés. Pour preuve, il y a quelques jours, une personne d’un âge avancé fut conduite au centre ; elle souffrait affreusement d’une hernie. Son état critique nécessitait une intervention chirurgicale.
Mais la structure ne disposait pas de spécialiste à cet effet. De surcroît, le médecin- chef était absent de Nioro pour un stage de quelque deux mois à l’étranger ; son adjoint immédiat, lui aussi, était en séminaire quelque part dans le pays. De toutes les façons, leur présence n’aurait changé en rien à la situation. Comme à l’accoutumée dans pareil cas, la seule solution consistait à dépêcher un spécialiste de Kaolack jusqu’à Nioro. Curieusement, ce déplacement était assorti de certaines conditions : il fallait réunir à Nioro au moins cinq (5) cas à opérer pour pouvoir justifier un déplacement et un versement de 20 000 francs pour chaque malade. Soit un total de 100 000 francs. A cela, il fallait ajouter les frais en médicaments et en soins post opératoires s’élevant à prés de 10 000 francs par personne. Autrement dit, la rondelette somme de 60 000 francs par malade, soit une somme cumulée de 300 000 francs pour un tel déplacement !
Mais comme la santé n’a pas de prix, la solidarité aidant, les conditions furent réunies et le déplacement du fameux chirurgien s’effectua ! Les patients de conditions modestes furent soulagés. Mais à quel prix !
Cette expérience met à nu le problème de l’utilisation des ressources humaines et leur mise en cohérence avec les équipements des structures sanitaires. Rien n’est plus inadéquat d’équiper un centre en matériels sophistiqués pour en faire des objets de musée. Car, à la longue, se posera un problème de maintenance : un risque de gâchis ! Les conditions de mobilisation des spécialistes sont contraires à l’éthique.
En effet, avant de réunir le seuil de cinq malades au gré du hasard, toute catastrophe est possible pour les malades en attente.
Par ailleurs, il se trouve que les personnels spécialistes dédaignent être affectés dans les agglomérations comme Nioro et préfèrent les grandes villes et notamment la capitale. Et pour cause, cela leur offre l’opportunité de cumuler certaines fonctions dans les cliniques huppées de la place et d’engranger des sursalaires. Plus d’une fois, certains agents affectés dans les départements périphériques trouvent les moyens de faire annuler et modifier des décisions d’affectation et parviennent ainsi à se faire caser à Dakar ou à Thiès, etc.
Cette fiche illustre aussi de façon éclatante la cherté des soins et interventions chirurgicales eu égard à l’extrême état de pauvreté de ces acteurs qui ne comptent que sur une agriculture qui, du reste ne nourrit plus son homme.
L’état doit remédier au plus vite au déficit de plus 3000 agents officiellement identifiés par les autorités du Ministère de la Santé.
L’auteur de cette fiche travaille au centre de santé de Nioro du Rip