Avant les événements du 26 Mars 1991 le Mali se trouvait un système administratif hérité de la colonisation ; ce système fortement centralisé a créé des situations de quasi-rupture entre les populations et l’administration centrale dont les méfaits se font cruellement sentir aujourd’hui .
Mali d’après le 26 Mars se devait de prendre en main sa destinée .Pour parer cette situation , la constitution de la 3è république dans son article 70 dispose du principe de la libre administration des collectivités dont les conditions sont déterminées dans la loi 93-08 du 15 Février 1993 .
Ainsi la décentralisation est-elle devenue option constitutionnelle destinée non seulement un instrument de gestion administrative efficace ,mais aussi et surtout un moyen de promotion d’un véritable développement local et régional dont l’homme serait épicentre de toutes activités .
La décentralisation comme système de gestion politique et administratif constitue aujourd’hui une alternative qu’expérimentent tous les pays , quels que soient leurs options et leurs niveaux de développement économique .
La décentralisation offre un nouvel espace qui permet une démocratisation des structures administratives et une participation pleine des populations à tous les niveaux de processus de promotion économique et sociale .
Au cours d’une de nos séances d’animation à Sirakorola nous nous sommes entendus dire par les responsables villageois : " dans le fond , ce que vous nous dites ( ou expliquez ) n’est pas nouveau pour nous ; il y a bien longtemps ce pays s’auto-administrait à travers des structures sociales bien organisées basées sur le respect des autres ; vous nous proposez là un retour de l’administration aux citoyens ( ka mara segin so ) " .
Les collectivités décentralisées : élus , conseils municipaux ( des communes rurales et urbaines ) , conseils de cercle et assemblées régionales vont permettre une plus grande participation des populations et une meilleure prise en main de leurs propres affaires .
Les ressources locales seront mieux mobilisées et leurs plus rationnelles .
Les actions de développement à la base , conçues , exécutées et contrôlées par les populations elles-mêmes seront plus adaptées aux besoins et aux préoccupations locales . Ainsi un développement économique , social et culturel durable sera amorcé .
La décentralisation est un moteur de changement :
La décentralisation a introduit des rapports nouveaux entre l’Etat et les collectivités décentralisées .
L’Etat providence , omniprésent a transféré une partie de ses pouvoirs et prérogatives aux institutions décentralisées et cela de façon progressive de manière à responsabiliser totalement les collectivités dans les domaines relevant de leur compétence propre .
Ainsi la mission de L’Etat sera de veiller à travers ses représentants auprès des collectivités décentralisées , à contrôler la cohérence des décisions prises et leur conformité avec les lois et les règlements en vigueur.
Ainsi la mise en place d’une économie régionale et locale intégrée et d’une administration efficace engendra la création d’emploi , l’utilisation plus judicieuse des cadres sur toute l’étendue du territoire national .
La concentration dans les grands centres notamment à Bamako , de quasi totalité des cadres et de demandeurs d’emploi, surtout en ce qui concerne les jeunes diplômés est un facteur d’aggravation du chômage qui n’est pas sans rapport avec le caractère centralisé de l’état et le manque de perspectives au niveau régional et local . La décentralisation serait une solution adéquate pour palier ce problème .
La politique de décentralisation bien conduite avec l’implication de tous , sera sans nul doute un moteur de changement tant attendu par nos populations en même temps qu’un moyen puissant de développement économique , social et culturel .