La décentralisation est en passe de devenir une donnée nécessaire voir incontournable pour l’exercice du pouvoir par le peuple.
La création de communes urbaines et rurales, l’organisation des élections pour désigner les conseillers, la nomination d’un secrétaire général, l’édification d’un siège etc.. sont autant d’instruments pour dit - on faciliter la libre administration des dites collectivités. Pour ce faire, l’Etat procède au découpage avec les autorités locales des communes, découpage assez souvent mal accepté pour des raisons politiques et/ou de souveraineté locale.
L’administration et les chefs de village ou de fraction se rejetant mutuellement la responsabilité d’un mauvais découpage. Nonobstant toutes ces difficultés, des élections sont organisées entre les différents partis politiques dont les programmes sont ignorés souvent même par leurs propres leaders.
Les communautés qui y adhèrent le font aussi sans grande conviction. Souvent sur des bases familiales, d’intérêts pécuniaires, d’opposition à un ennemi supposé ou réel appartenant à un autre parti, ou simplement ethnique etc. Ce qui ne va pas sans raviver de lointaines querelles entre village. Querelles souvent gérées avec bonheur par les autorités locales et les chefs de village et imams.
Les conseils aussi mis en place par les populations elles - mêmes (vu la nécessité des autorités nationales ) constitueront un nouveau fardeau pour les populations. De nouveaux impôts ou des impôts jamais payés seront levés pour l’entretien des conseillers, des secrétaires généraux, pour l’édification de bureaux (immobiliers et mobiliers ) par les nouvelles administrations.
Ces nouvelles charges viendront s’ajouter sur le dos des paysans déjà durement éprouvés. Quelles sont les tâches de nouvelles autorités ?
· Elaborer un plan de développement
· Construire les bureaux
· Célébrer les mariages
· Organiser les élections avec l’administration
· Prélever des impôts
La citation n’est pas exhaustive.
Doit - on prélever de nouveaux impôts pour entretenir une nouvelle administration ? Peut - on élaborer un plan de développement local viable avec des populations déjà éprouvées par la misère, des rivalités stériles créées par des partis sans programmes par des découpages ayant laissé des séquelles difficiles à cicatriser et à qui on rajoute de nouveaux impôts etc.
Les populations locales en générale à travers leurs ressortissants n’ont - elles pas suffisamment payé en finançant dans leurs villages des ponts, des centres de santé, des adductions d’eau sous l’autorité des chefs de villages et Imam ? Pourquoi les encombrer d’autres charges ? les maires, les secrétaires généraux n’ont qu’à se mettre au travail comme les autres au lieu de constituer une nouvelle classe de parasites. Sans compter avec les divisions , les querelles politiques, les intrigues à n’en pas finir tout cela qui peut entraîner la mésentente donc le non développement.
Ne célébrons - nous pas les mariages, les baptêmes dans les villages sans les maires ? Les décisions ne sont elles pas organisées ? Que retrouvons - nous déjà au Mali.
Au Mali, dire " Maara Ka ségi so " est une insulte pour le malien. Au Mali " maara bè so ". " So " va du foyer réduit de sa plus simple expression jusqu’au continent en passant par la maison, le village , le chef lieu , le pays. C’est peut-être ce " maara" (administration) que les autorités actuelles veulent détruire afin de parachever l’ouvre d’acculturation qui n’a pu détruire le foyer, la famille, le village dans leur organisation, c’est parce que le socle sociologique et culturel sur lequel ces entités reposent est solide.
Ne pouvant le détruire, le colonisateur l’a utilisé à ses fins pour asseoir son pouvoir, puisque " maara bè so " il s’agit en fonction de nos propres valeurs qui ont fait leurs preuves de bâtir une société moderne. Il est connu qu’aucune société ne se construira qu’en se basant sur ses propres valeurs. Il s’agira donc comme par le passé que chaque hiérarchie du " Maara " soit responsabilisée et aidée dans sa fonction par les autres niveaux hiérarchiques.
C’est ainsi qu’au niveau du foyer les parents directs, les frères contribuent à son équilibre, le cas échéant les oncles des deux côtés ou les amis ou encore le chef de village, du quartier et/ou l’Imam ou encore les autorités administratives. Rarement un problème qui surgit dans un foyer prend une telle ampleur si ce n’est à cause de la perte de nos valeurs.
Pour les actes administratifs, il s’agira de mettre à la disposition des autorités villageoises (chef de village ou de quartiers et conseillers ainsi que les autorités religieuses) des documents servant à recueillir quotidiennement des tâches remplies bénévolement par eux mêmes (baptême, divorce, mariage, décès, immigration et éventuellement recensement ). Donc tenir de véritables statistiques du village.
Chaque village en fonction de ses priorités de survie ou de développement élaborera son programme qui pourra être financé par ses propres populations, ses ressortissants de l’intérieur du Mali, la Zakat des pays musulmans.
L’islam et la tradition partagent la meilleure façon de décentraliser. Aucun chef de village ne répond à la place d’un autre. Seules les populations qui l’ont mis en place sont souveraines, de même aucun Imam ne répond d’un autre. Aucune hiérarchie n’est autorisée donc, aucune possibilité de favoritisme, tout chef de village ou imam vie exactement comme les autres villageois dont il est issu. Il ne peut être délégué par aucune instance ou autorité. Il répond de ses actes devant la loi sans qu’aucune autre juridiction ne puisse se prévaloir de son appartenance.
A notre avis, seul un citoyen de cette qualité a le droit d’administrer et/ou de choisir son administrateur dans son pays . L’Etat de part sa souveraineté orientera la politique nationale à suivre et jouera le rôle d’arbitre. Les collectivités de part leur appartenance à la nation doivent se conformer aux lois en vigueur dans le pays.
L’administration locale servira de courroie de transmission de la base au sommet et les députés voteront en s’inspirant des voux de la population.
Avec la mondialisation, l’apparition de l’ordinateur et de l’Internet, chaque village peut créer son propre site en y mettant tout sur le village : population, lieux de tourisme, potentialités, besoins en financement de projets, échanges d’expériences avec d’autres villages etc. Toute personne, tout village ou ville, toute autorité peut intervenir directement avec les autorités villageoises sans passer par les ONG qui ont tendance à devenir de véritables bureaux de placement. Le personnel des ONG pourra être plus utile si il mettait la main à la pâte dans leur propre village ou quartier d’origine.