Par HEUNAM, Robert
Yaoundé, quartier Ngoa-Ekellé au lieu dit château, en cette fin de matinée, se déroule sous les yeux d’une foule médusée un acte de barbarie sans précédent. Un jeune homme bâti comme un adonis, doté d’une force herculéenne jongle un autre on dirait une boule de ping-pong. Ce jeune homme est accusé d’avoir tenté ou alors d’avoir volé les téléphones fixes et portables dans une maison.
Sorti pour s’acheter un bout de pain dans la boutique qui se trouve à un pas de son domicile, hercule comme nous l’allons le baptiser, rencontre en rentrant sur le pas de sa porte " son voleur " portant le téléphone cellulaire de sa petite sour et le téléphone fixe de la maison. Il lui met la main au collet et l’entraîne jusqu’en route. Une fois en route, il se jure de ne pas le battre de ses mains, c’est le sol qui va s’occuper du voleur. Il le soulève alors à bout de bras et le frappe au sol.
A la première chute, le voleur se ravise et prend ses jambes au cou. Il tente de s’enfuir, c’est le dernier clou qu’il avait enfoncé à son cercueil. Hercule le rattrape avant qu’il ait eu le temps de faire trois pas. Il le soulève une fois de plus le frappe au sol et cette fois la tête la première. Une fois, deux fois, trois. Dans la foule, les uns exultent, les autres poussent des cris d’horreur. Ces cris ont alerté les policiers du commissariat du 5ième arrondissement qui se trouve tout près qui rappliquent sans tarder. Ils reconnaissent alors hercule qui est dit être une terreur dans le quartier. Il tient tête à tout le monde. Les policiers font alors appel aux éléments du COG (centre Opérationnel de la Gendarmerie). Le temps qu’ils mettent pour arriver sur les lieux ont suffi au massacreur pour rendre méconnaissable sa proie devant des policiers impuissants. Seuls les gendarmes réussissent à arracher le voleur des mains d’hercule. Le voleur est conduit d’urgence dans un hôpital. Ils essaient alors d’amener hercule par la force, il résiste et leur dit : " J’attrape un voleur et c’est moi que vous voulez amener, moi la victime du vol? Vous êtes malades. " " Vous auriez dû nous appeler " réplique un gendarme.
" Pour que vous le relâchiez l’instant d’après ? Je devais finir avec lui ici. "
C’est à ce moment que les langues se sont déliées dans la foule, louant les exploits de ce gaillard qui est dit être le plus fort du quartier, pratiquant de lutte et s’entraînant tout seul et capable de renverser un mur avec des coups de poings. Il aurait réussi à lui tout seul à bloquer l’entrée à un festival organisé récemment dans la ville tenant tête aux vigiles et leurs gros chiens.
A bout d’arguments, gendarmes du redoutable COG et policiers s’en allèrent la queue basse. Jusqu’à ce jour, hercule se promène libre attendant certainement une autre occasion pour montrer sa force au mépris du droit.
Commentaire
Face à la recrudescence des délits dans nos villes, les autorités ont trouvé des moyens pour mettre sous l’éteignoir les coupables de tels actes en le faisant passer au devant d’un tribunal. Parallèlement, la population et plus particulièrement les jeunes a érigé ses barrières et s’occupe elle-même des coupables sans leur laisser le temps de s’expliquer. Des cas comme ce qui vient d’être vécus se rencontre un peu partout dans le territoire national. Ils mettent en exergue des jeunes à travers des comités d’auto-défense sans aucune autorité juridique, mais qui supplante l’autorité de l’État.
Il se trouve malencontreusement parmi des victimes, des innocents qui passent de vie à trépas pour un seul appel au secours ou au voleur. Les jeunes, sont généralement les maîtres de cette justice populaire.
Hélas! Est-ce cela que l’on attend d’un jeune? L’impunité dont jouit cette catégorie de jeunes fait qu’elle se targuent d’être au dessus de la justice. Ils ne reconnaissent de droit que celui du plus fort, faisant ainsi fi des droits de l’homme. Pourtant, chaque jour qui passe fait dire aux autorités que la sécurité des gens et de leurs biens est assurée. La population devra collaborer avec les forces de l’ordre pour mettre la main sur les malfrats et non de les exécuter sommairement. Les jeunes doivent en être éduquer. Ils doivent savoir que le sport est un art et non un moyen pour terroriser ses semblables.
Mots clés :
Source : expérience personnelle
Auteur :
Mots clés : Droit de l’homme, impunité, exécution sommaire, force publique, justice, justice populaire
Géo : Cameroun
Localisation : Yaoundé
Date : 2001/04/02