Par DJIMELI, Alexandre (Yaoundé, décembre 2001)
L’insécurité qui a régné au Cameroun entre fin 1999 et début 2000 a freiné la participation des habitants au développement et hypothéqué l’idéal de nouvelle gouvernance donnée par les dirigeants du pays.
L’an 2000 est apparu à ses débuts comme un cauchemar pour les habitants du Cameroun. Et si beaucoup ont pensé à l’apocalypse c’est à cause de l’insécurité qui avait radicalement envahi les 475 442 km² de ce triangle, d’ordinaire paisible, situé au cour du golfe de Guinée en Afrique Centrale.
En novembre 1999, des agresseurs, des coupeurs de route plus précisément avaient commencé à faire entendre leur voix sur les sentiers de la région septentrionale du pays. En décembre,, la menace s’est précisée de façon plus percutante. La route nationale n°2 qui relie Ngaoundéré à Kousseri et qui mène au Tchad en passant par Garoua et Maroua a été littéralement investie par ses agresseurs d’un genre particuliers. Ils avaient pour mission de tordre le cou aux usagers qui voyagent de jour comme de nuit en direction du Tchad ou du Cameroun. Les principales victimes étaient les transporteurs tchadiens et les citoyens camerounais. Après avoir été généralement et copieusement battu, souvent à mort, en les dépouillant de tout ce qu’ils avaient comme objet de valeur. Les habitants de ces localités vivaient désormais dans l’angoisse et le désarroi car les coupeurs de route abandonnaient parfois les routes pour aller opérer dans les maisons. Armés d ‘armes automatiques et d’autres projec
tiles, ils imposaient leur loi par la force,, parfois même face aux " forces de l’ordre « .
Concomitamment avec cette situation dans le Nord, il y avait également au sud des malfrats qui ne ménageaient aucun effort pour nuire aux populations. Ici, le crime était la règle et le simple cambriolage l’(exception. On ne pourrait s’attarder à évoquer les maisons défoncées, les pièces vidées de leur contenu, les banques cassées, les voitures volées, les femmes et les enfants kidnappés, battus et violés, les magasins éventré « . Tout cela s’accompagnait d’assassinats et de meurtre.
A Douala, la capitale économique, quatre enfants ont été décapités comme de la viande prête à être servie à table. La situation a été pourrie par l’assassinat de Gabriel Nourri, un charcutier français installé depuis longtemps dans cette ville. a Yaoundé, la capitale politique, quatre enfants ont été tués le 25 décembre 1999. cet acte donnait ainsi un coup d’envoi d’une série de meurtres qui allaient être perpétrés par la suite. En janvier en effet, un cadre du ministère de l’économie et des finances, par ailleurs trésorier payeur général d’Ebolowa au sud du pays a été tué. Au cours du même mois un autre cadre, cette fois du ministère de la justice alors président des tribunaux de première et de grande instance de Mfou situé à 40 km de Yaoundé a été exécuté0, livré aux bandits par son épouse. A côté de ces meurtres, des centaines d’autres tueries, selon des sources policiers ont été commises par des bandits de grand chemin. L’ambassadeur des États-unis a ét
é molesté. La situation a pris une envergure internationale, quand des expatriés, des français en particulier ont organisé à Douala et à Yaoundé des comités d’auto défenses pour protéger leurs ressortissants. Du coup, sous les feux d’une actualité brûlante, sans cesse renouvelées par ces nouveaux maîtres, sous les cris de détresse du peuple et sous la pression internationale, le gouvernement camerounais a institué par le décret du président de la république le 20 février 2000, un commandement opérationnel à Douala.