La gestion de l’environnement : une compétence transférée aux collectivités locales

L’expérience de la communauté rurale de Paoskoto

La loi 96-07 du 22 mars 1996 portant, entre autres, transfert de compétences en matière de gestion et d’utilisation du domaine privé de l’Etat, du domaine public et national, a accru les pouvoirs des conseillers ruraux dans la gestion du domaine national.

Cependant, l’importance de ce transfert de compétence est restée toujours mal connue des populations à la base, parce que tous les ateliers de renforcement de capacités en la matière se sont seulement limités au niveau des conseillers ruraux. C’est justement ces manques et de formation, et de communication et de sensibilisation des acteurs à la base qui constituent l’un des facteurs essentiels de la dégradation de l’environnement qui, d’ailleurs s’est accentuée d’année en année. La dégradation des écosystèmes se caractérise par :

 des coupes abusives de toutes les espèces ;

 des feux de brousse intensifs ;

 un faible taux de reboisement, sans aucun suivi ;

 un manque ou faible taux de réalisation de pare feux ;

Aussi, les populations ont-elles toujours accusé les services des eaux et forets de négligence et de manque de suivi sur l’environnement.

Alors, le Conseil Rural de Paoskoto, à l’image de l’expérience réussie en matière de réalisations de projets de développement local et d’organisation dans Kayemor, communauté rurale voisine, notamment avec la mise en place d’un cadre de gestion multiforme dénommé Penc, a décidé de même de créer une structure similaire à Paoskoto. Ainsi donc, avec l’appui de l’ONG Symbiose, ce cadre de concertation et de partages est né grâce à une bonne représentativité dans tous les villages, d’une part et d’autre part, à un système de diffusion d’information efficace tissé entre les membres.

Aussitôt après son installation, le Penc a signé un protocole d’accord et une autorisation de signature de conventions avec le Conseil Rural. Dès lors, le Penc s’est fixé comme objectif cardinal la protection de l’environnement. Pour ce faire, le Conseil d’Administration du Penc s’est réuni au siège du Conseil Rural. Avec l’appui des coordonnateurs techniques de l’ONG Symbiose, il a dressé un plan d’action de sensibilisation et de réflexion dans les 5 seccos de la communauté rurale et les 32 lieux de vote. C’est dans ces ateliers que les participants ont dressé un tableau sur l’environnement d’aujourd’hui en revisitant celui d’un passé récent. Et surtout des perspectives ont été dégagées, dans le sens d’une amélioration.

En fait, toutes ces causes néfastes qui ont provoqué la dégradation de l’environnement sont : la déforestation, les feux de brousse, l’érosion hydrique et éolienne, les méthodes culturales avec comme corollaire l’appauvrissement des sols, l’élevage mal réglementé, l’ensablement, etc. ; les mesures de redressement ont été prises par les populations sans aucune contrainte par une élaboration d’un code de conduite afin de protéger les écosystèmes. Et ce, avec la participation du service des Eaux et Forêts, du Centre d’Appui au Développement Local (CADL) et de la commission de l’environnement du conseil rural dans chaque secco.

Le Conseil d’Administration du Penc, après avoir reçu tous les codes de conduite des seccos, s’est réuni pour élaborer un code de conduite communautaire pour la protection de l’environnement de la communauté rurale de Paoskoto. Une fois élaborés, ces codes sont transmis au conseil rural pour examen, amendements, recommandations éventuelles. C’est après tout ce processus que le conseil rural a délibéré sur le projet de code de conduite qui a été approuvé par le Sous - Préfet et les Eaux et Forêts.

De nos jours, tous les villages de la CR de Paoskoto (132) acceptent d’être régis par ce code. Et les résultats qui en découlent sont fort encourageants. C’est ainsi qu’on peut citer quelques acquis, à savoir :

 des villages comme Ndama, de par la protection de leurs baobabs, sont parvenus à s’acquitter de leur taxe rurale par la vente de la cueillette du pain de singe (fruit de l’arbre);

 des auteurs de feux de brousse ont été signalés par les populations (Kabakoto, Diamaguène), ce qui était inimaginable avant ;

des charbonniers et autres coupeurs de bois sont systématiquement signalés par les populations des localités de Touba Saloum et de Kapaye Samba Ka.

Commentaires

Force est de reconnaître que, malgré les textes en vigueur relatifs à la décentralisation, du reste bien connus des conseillers ruraux, l’application tarde à suivre avec diligence et célérité.

C’est pourquoi l’accent doit être mis sur le renforcement de la dynamique organisationnelle dans les collectivités locales ; la sensibilisation et le renforcement des capacités des populations à la base, pour une parfaite connaissance de leurs rôles et responsabilités dans la gestion rationnelle de leur environnement.

Aussi, avec le professionnalisme et l’appui de l’association « Symbiose » et de ses partenaires, notamment les Autrichiens, la structure de base « le Penc de Paoskoto » est- elle sur la voie de relever de tels défis. Au grand bénéfice des populations

Notes

Seccos : enclos généralement faits de métal (tôles ou plaques galvanisées en zinc) servant à stocker des vivres de soudures à distribuer aux populations ou à contenir temporairement des récoltes (arachides, céréales, etc.) collectées lors des campagnes agricoles ; et vides en dehors de ces temps forts.

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