Par WADIMUENA , Léontine (avril 2003)
Cette expérience est née de la volonté des femmes à prendre en charge leurs foyers, face à la misère et à la pauvreté des familles dans la région de Kassaï occidental.
A l'origine, un petit groupe de femmes a pris conscience de la situation. Ce groupe a sensibilisé d'autres femmes et à réussi à les regrouper pour faire face à la crise qui les secoue. D'autres acteurs les ont ensuite rejoints. Ce sont le curé de la paroisse, quelques époux et les agents d'Ong de la place. Ceux-ci étaient intéressés aux objectifs et aux actions que les femmes veulent entreprendre. Tous partagent le souci de l'auto promotion de la famille.
A leur début, les femmes étaient peu nombreuses, juste une quinzaine de personnes. A l'heure actuelle, on dénombre une trentaine de femmes actives.
Cette expérience des femmes se déroule au Congo (R.D.), dans la région de Kassaï, et plus précisément à Kananga.
La création de la mutuelle de consommation par les femmes présente des enjeux réels :
" faire baisser les prix des produits de première nécessité ;
" accroître la solidarité dans la localité ;
" renforcer le rôle de la société civile dans la région.
Signalons toutefois, l'influence de la dévaluation fréquente de la monnaie nationale et de la guerre sur cette initiative de développement communautaire.
Démarrage de l'expérience
L'expérience a commencé en 1998, au moment où la misère des populations s'est empirée, en raison des troubles politiques et de la guerre (1996). L'expérience est en cours et résiste, grâce aux stratégies développées par les acteurs, face aux troubles du moment.
L'objectif des acteurs est d'assurer la survie des familles qui décident de se prendre en charge, en s'engageant par leurs participations aux activités et leurs contributions financières. La solidarité dans le milieu est un pilier non négligeable de cette expérience.
L'expérience a commencé grâce à la prise de conscience de quelques trois femmes. Elles ont réussi à réunir d'autres femmes, qu'elles ont sensibilisées. C'est de là qu'est née l'idée de créer la mutuelle. Les femmes engagées ont payé leurs parts sociales et leurs droits d'adhésion. Les fonds ainsi rassemblés, ont permis d'acheter les articles pour la mutuelle. Les reventes se font à prix modérés et au comptant aux membres. Pour garantir la transparence, l'approvisionnement de la mutuelle se fait par des groupes de femmes à tour de rôle. Compte tenu des moyens financiers limités, la mutuelle n'arrive pas à atteindre ses objectifs d'accroissement de stocks de produits de première nécessité. La mutuelle qui s'est inspirée d'autres expériences pour élaborer ses textes de base, sert aujourd'hui d'exemple pour d'autres groupes de femmes.
Elle a obtenu quelques résultats significatifs que sont :
" la mise à la disposition des membres des produits de première nécessité ;
" l'amélioration de l'alimentation des familles membres ;
" l'accroissement du nombre des adhérents ;
" l'augmentation du chiffre d'affaires de 20 % environ ;
" l'augmentation du capital de 5% - 10 % environ.
Leçons
Dans son cheminement, la mutuelle a connu quelques difficultés :
" écoulement difficile de certains produits à cause des prix ;
" la dévaluation de la monnaie rend difficile la gestion des stocks ;
" les prix de gros ne sont pas très favorables ;
" les membres sont hétérogènes (lettrés, illettrés, travailleurs, ménagères).
Face à des difficultés, les membres ont décidé de :
" s'approvisionner en produits de première nécessité facile à écouler ;
" éviter d'avoir trop d'argent liquide en caisse ;
" faire libérer les parts sociales en devise ($).
Elles ont compris que l'union fait la force, et ont intégré les pratiques d'achats groupés dans leurs pratiques d'achats sur les marchés. Les différents ont aussi vu leurs positions évoluées. Pour les femmes, il s'est agit de la réflexion autour de la gestion d'une activité économique et social communautaire. Quant aux ONG d'appui, elles ont cherché à adapter leurs stratégies d'accompagnement en s'intéressant à la création d'une fédération des mutuelles de consommation.
La petite taille de la mutuelle de consommation des femmes était une limite pour influer sur les décideurs et les fournisseurs entre autre. Si cette expérience est à recommencer, un accent sera mis sur la constitution de groupes homogènes (lettrés, illettrés) et la formation des membres pour renforcer la cohésion et les prises de décision.
Atelier d'Ecriture, entretien mené par Monsieur Baldal Yanko (Inades-Formation Tchad), à l'occasion d'un séminaire organisé avec Rongead, sur le thème : "Mondialisation et stratégies de développement local".