Cas d’implantation d’un puits sur un site inapproprié et partisan
Par DIOP, Kéba (Nioro du Rip, septembre 2008)
Le village de Keur Aly Gueye, situé dans la communauté rurale de Taïba Niassène, a bénéficié d’un financement pour un puits à forer. Et les fonds devaient provenir d’une association basée en Arabie Saoudite mais par l’entregent de A. G., un fils du terroir ayant pignon sur rue à Kaolack.
Fort de cet appui, le démarcheur s’est associe étroitement à ses trois grands frères Mb., S. et Si pour influer sur le cours des évènements du village, notamment dans le plan d’aménagement afin de saper l’autorité du chef de village. C’est ainsi que les frères ligués ont fait convoquer une assemblée générale du village sans en référer au chef de village. Ce qui n’a pas empêché ce dernier d’y participer. Et pour cause de légitimité.
Après avoir annoncé, en grande pompe, la somme attendue et sans demander l’avis de la population, ils ont imposé séance tenante le lieu où ce puits sera creusé : à 5 m seulement du 2ème puits ; le village dispose déjà de deux puits fonctionnels. Et pis, ils comptent placer ce puits au milieu de la route axiale prévue dans le lotissement déjà mis en vigueur par les services compétents.
Evidemment, les conséquences sont suffisamment préoccupantes :
certaines maisons situées à plus de 400 m de l’emplacement ciblé méritaient plus de considération et la proximité de ce puits pour ces populations était prioritaire ;
un double emploi ;
Une frustration d’une bonne frange de la population.
Mais, à la vérité, la route tracée passe par une de leurs propriétés. Et contrairement aux autres qui ont accepté de se plier à l’intérêt général, ils ont voulu imposer leur propre plan d’aménagement de l’espace commun dans leurs propres intérêts. Se croyant investis d’une certaine légitimité, à cause de la « manne financière », ils ont fait démarrer les travaux dare dare. Et, quoique le manœuvre ait fui avec 200 000 F, ils ont débloqué 500 000 F pour continuer les travaux.
Cette expérience montre que, dans un contexte de pauvreté, les populations peuvent être amenées à se plier au diktat de la puissance de l’argent. Même si la quasi-totalité de la population reconnaît le mal fondé des positions des détenteurs du projet, rien n’a été fait pour s’opposer à leur forfaiture. Et au grand dam de l’intérêt général.
Un service public (ici, le projet) doit être conçu pour les populations et non pour un groupe particulier, voire une famille. C’est ce que les bailleurs de fonds devraient poser comme conditionnalité.
Aussi, un tel projet, avant son financement, devrait être étudié, partagé, accepté, approprié par les futurs bénéficiaires.