Par KONE, Sayon (2003)
Depuis les dernières élections générales de 2002, la situation politique du Mali revêt un caractère de " claire - obscure ". Le peuple, encore une fois, risque fort d’être désabusé, comme il l’a malheureusement été durant une dizaine d’années, avec des propos fallacieux, démagogiques et malveillants. Le peuple tout entier à travers le suffrage universel, réclame le changement, voici qu’on lui impose le régime des partis avec ses jeux d’intérêt.
La nouvelle configuration des institutions politiques sortie des urnes interrogent fortement l’intelligence et la capacité des hommes politiques à impulser un changement véritable. Une Assemblée sans opposition, un Gouvernement d’union nationale, voilà le concentré démocratique offert au peuple malien par les acteurs politiques. Ainsi, le fonctionnement de ces institutions fait apparaître des entorses aux principes et règles de la gouvernance démocratique.
En effet, la suprématie du pouvoir législatif sur l’exécutif est un glissement dangereux qui expose le pays à des lendemains incertains. Le peuple dans sa grande majorité, a exprimé son adhésion au programme du chef de l’Etat qui s’articule autour de quatre objectifs fondamentaux :
" lutter de façon impitoyable contre les corrompus,
" assurer la sécurité des personnes et des biens,
" rendre le pouvoir local crédible, à travers une décentralisation qui respecte les valeurs culturelles et sociales,
" organiser le secteur éducatif.
Il est légitime de penser que la lecture des résultats du scrutin législatif ne devrait, sous aucun prétexte, ignorer et occulter ses objectifs qui correspondent aujourd’hui aux préoccupation profondes de l’ensemble de nos populations laborieuses. Le pouvoir législatif doit s’organiser autour de ces projets.
Les mesures prises durant les dernières législatives par rapport aux marchés publics, à la décentralisation, l’anéantissement du système éducatif, la désorganisation du secteur financier par des reformes inadaptées inopportunes, un système socio-sanitaire archaïque et moribond, l’institutionnalisation de la corruption, le lourd endettement du pays et surtout le dysfonctionnement de l’appareil juridico - administratif sont des défis d’une actualité brûlante.
Ces défis ont conduit le peuple malien à réclamer le changement à travers une alternance démocratique. Ainsi le créneau du changement a été le socle sur lequel s’est fondé la légitimité du pouvoir. Cependant la constitution d’un gouvernement de large ouverture ou d’union nationale à laquelle particpent les principales formations politiques du pays donne aujourd’hui à la démocratie malienne une allure de transition politique d’où le sentiment partagé par nombre de citoyens d’un recul démocratique.
Le Mali avait - il besoin d’une telle situation au moment où son avancée démocratique était citée en référence à travers le monde
Le jeu démocratique doit être articulé autour des projets de sociétés. Si tous les hommes politiques s’accordent sur le même projet de société, il n’y a plus d’alternance.
Il s’agit d’un consensus pour finir par étouffer la démocratie. Tout se passe comme si les acteurs politiques sont aujourd’hui en manque de vision et d’idées par rapport à la demande sociale de leurs concitoyens.
Comme le disait l’autre, la gestion du " 3ème tour des élections " c’est à dire l’après élection qui consiste à apporter des réponses appropriées à la demande sociale des citoyens semble plus difficile à gagner que les deux premiers tours .