Par Youssouf KONE (Bamako, décembre 2008)
Le village de Zerelaba Koulikoro et celui de Zamblara sont respectivement de la commune rurale de pèrinpèrinna et de la commune urbaine de Sikasso. Ils sont tous situés à Sikasso, 3ème région du Mali. Ils sont deux villages séparés par des anciennes limites non matérialisées.
Les ethnies majoritaires qui vivent dans ces villages sont entre autres, les Sénoufo, les peulhs, les Bwa, etc. les populations restent attachées aux valeurs ancestrales.
Les principales activités exercées par les habitants de ces localités sont l’agriculture, l’élevage, le maraîchage, la transformation des produits de l’agriculture et le petit commerce.
Vers le mois de Mars 2008, période de défrichement des terres et de la préparation des champs pour l’hivernage, un paysan de Zerelaba Koulikoro et un paysan de Zamblara étaient entrés en conflit autour d’un lopin de terre situé à la frontière des deux villages. Ce conflit a surgi du fait que chacun de ces paysans pensait que le lopin de terre en question l’appartenait et du coup, constitue un champ d’attache du village auquel il appartient.
D’abord, ils ont tenté de trouver un terrain d’entente entre eux, mais sans succès, chacun ayant la conviction que la partie l’appartient et donc, pas question d’y céder. Chacun a informé alors son village par le canal de son chef.
Le conflit passa très vite d’un simple conflit de terre entre deux personnes interposées à un conflit opposant deux villages. Les populations de chaque village ont fourbi leurs armes et s’apprêtent à un éventuel conflit armé pour convoiter le lopin de terre, objet de conflit.
Les jours passant, la nouvelle d’un affrontement sanglant entre les deux villages circulait à travers les coulisses.
Un peulh, vieux de plus de 90 ans s’était installé dans le village de Zerelaba Koulikoro depuis de très longues dates. A cet effet, il est devenu de nos jours le patriarche du village qui maîtrise parfaitement tous les aspects de la vie socio culturelle du village. Ayant appris la nouvelle, de l’affrontement, a réuni sur les lieux de litige, les autorités coutumières et religieuses des deux villages. Il a commencé par sensibiliser les deux parties de laisser les armes et que le moyen le plus sûr pour résoudre ce conflit la matérialisation des anciennes limites qui séparent les deux villages. C’est ainsi qu’il a retracé nettement les limites des deux villages et heureusement, il était la seule vieille personne capable de retracer ces limites. Séance tenante, les villageois ont matérialisé les anciennes limites avec des bornes de jalonnement.
Toutes les parties se sont alignées derrière sa résolution. La partie, objet de conflit est revenue de droit au village de Zerelaba Koulikoro.
Ainsi, le patriarche est parvenu à départager les deux villages.
Le conflit a été définitivement résolu.
Selon la loi, tout conflit doit être réglé par la justice. Mais dans ce cas précis, c’est le patriarche qui est arrivé à prévenir le conflit qui s’annonçait sanglant. Le patriarche est le plus vieil homme des notables dans le village. Il est un personnage qui recèle beaucoup d’expériences. Il maîtrise au mieux l’histoire des communautés. A ce titre, il est respecté par tout le monde. Ses décisions sont acceptées par la communauté. Il est chargé de faire la médiation.
Cette fiche est issue de l’entretien réalisé avec Monsieur Yacouba Diamouténé, Magistrat, Juge Administratif, Bamako, cell : 76468911 . La supervision a été assurée par Monsieur Djibonding DEMBELE (Correspondant thématique) et par Madame Néné KONATE (Médiatrice de l’ARGA/ Mali).