Par Valère HOUETO, Grégoire NOUDAIKPON (Porto-Novo, août 2008)
En application des dispositions de la loi n°87-015 du 21septembre 1987 portant code de l’hygiène publique en République du Bénin, le Ministère de la santé a mis en place une structure nationale, la police sanitaire qui dispose d’une brigade par Département.
La mission assignée par le Ministère de la santé à la police sanitaire est la recherche, la constatation des infractions en matière d’hygiène et d’assainissement et leur répression conformément à la législation en vigueur.
A Porto-Novo, la brigade de police sanitaire, logée à la Direction Départementale de la Santé, est animée par des policiers sanitaires qui sont des agents d’hygiène ayant reçu une formation complémentaire en matière de police.
La brigade de police sanitaire procède à des contrôles inopinés et ses premières interventions visent à sensibiliser, à conseiller et à porter assistance technique aux populations.
Les principaux centres d’intérêt de la brigade de police sanitaire à Porto-Novo sont:
Les établissements primaires, secondaires et universitaires;
Les supermarchés pour le contrôle des conditions de stockage des produits alimentaires et de la date de péremption des conserves et autres produits emballés;
Les marchés où les lieux privilégiés de contrôle sont:
Les emplacements des moulins de condiments pour vérifier la qualité des condiments apportés;
Les boucheries pour vérifier les conditions de manipulation de la viande et la propreté des lieux;
Les hangars ou emplacements des vendeuses de poissons frais pour la salubrité des lieux;
Les étalages aux abords des rues et ceux des vendeurs et vendeuses ambulants des denrées alimentaires directement consommables comme le pain, les gâteaux, etc.
Les installations dans les maisons comme les latrines, les puisards et fosses septiques, les puits ou points d’eau potable… A ce sujet, lorsque la police sanitaire se retrouve dans des maisons où les puits sont mal entretenus, elle offre son assistance technique pour le traitement de l’eau:
Le traitement systématique: quelques gouttes d’hypochlorite de calcium sont injectées dans le puits.
Le traitement par pot diffuseur qui consiste à la réalisation et à la pose du pot diffuseur à l’intérieur des puits et à hauteur de la nappe phréatique.
A ce jour, les actions de sensibilisation ont prévalu sur celles de répressions, les populations se montrant plus disposées à obtempérer aux injonctions de la police sanitaire.
La loi n°87-015 du 21 septembre 1987 portant code de l’hygiène publique en son titre II, définit les règles d’hygiène publique et en son titre III, crée la police sanitaire dont la mission est d’aider la population à avoir un cadre de vie sain.
La loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en ses articles 93, 94, 95 et 96, a défini comme étant du domaine des compétences propres à la commune:
la fourniture et la distribution d’eau potable;
la collecte et le traitement des déchets solides autres que les déchets industriels;
la collecte et le traitement des déchets liquides;
le réseau public d’évacuation des eaux usées;
le réseau public d’évacuation des eaux pluviales;
la délimitation des zones interdites à l’urbanisation dans les périmètres réputés dangereux pour des raisons naturelles ou industrielles;
la création, l’entretien et la gestion des cimetières et des services funéraires, la création et l’entretien des espaces verts;
la préservation des conditions d’hygiène et de salubrité publique.
L’assainissement du cadre de vie des populations des soixante dix sept (77) communes que compte le pays est un immense défi posé à l’Etat et aux collectivités locales surtout dans nos villes à statut particulier que sont Cotonou, Porto-Novo et Parakou dont la croissance démographique explose depuis quelques années.
La création d’une brigade de police sanitaire pour les Départements de l’Ouémé et du Plateau soit en tout quatorze (14) communes dont celle de Porto-Novo pose le problème de l’efficacité et de la portée de ses intervenions:
l’effectif des policiers sanitaires est squelettique et ses interventions sont peu visibles dans la ville;
les moyens matériels et logistiques de la brigade ne lui permettent pas de couvrir la ville de Porto-Novo encore moins les treize (13) autres communes ;
les quartiers insalubres demeurent dans leur état sans puisards, sans puits réglementaires, avec des eaux nauséabondes dans les rues jusqu’à la berge lagunaire. Les abords des dépressions sont jonchés de déchets de toutes sortes.
la brigade de police sanitaire travaille sans aucune relation avec la voirie et aucune coordination entre la mairie et la brigade.
Pour une meilleure efficacité de la police sanitaire à Porto-Novo, il s’agira de conjuguer les efforts de la mairie (humains et financiers) avec les moyens de la police sanitaire (techniques, effectif, logistiques, etc), de façon à couvrir toutes les activités d’assainissement dans la ville en complément des activités de la Direction des Services Opérationnels (DSO).
Dans une vision prospective, il est à souhaiter dans le cadre de l’exercice effectif des compétences propres de la commune en matière d’hygiène et d’assainissement, de transférer les effectifs et les moyens de la brigade sanitaire à la mairie pour une unité d’actions de la voirie urbaine (DSO). Dans cette perspective, qu’il en soit de même pour toutes les communes du Bénin.
A défaut, une coordination dans les activités entre la police sanitaire et la mairie doit s’instaurer de façon permanente pour une bonne lisibilité des activités d’assainissement du cadre de vie dans la cité.