Par Edoh Sossa (Lomé, avril 2009)
Le vent de la démocratisation qui a déferlé sur le continent africain au cours des années 1990 n’a pas épargné le Togo, pays situé en en Afrique de l’ouest,entre le 6e et le 11e degré de latitude nord. Cette époque caractérisée par une demande populaire pour plus de démocratie a coïncidé avec un moment où le chômage dans le pays a atteint des proportions jusque-là hors de portée. C’est pourquoi des observateurs de la politique togolaise n’ont pas hésité à soutenir que les mouvements socio-politiques de 1990 au Togo sont une réaction des togolais non seulement à la recherche de plus de liberté mais aussi à la recherche de l’emploi. C’est peut-être pour cela que les mouvements ont été essentiellement des mouvements de jeunes.
Les réformes qui ont suivi ces mouvements ont créé un environnement juridique favorable à la naissance des associations. Mais les années qui ont suivi immédiatement 1990 n’ont pas apporté de solutions concrètes au problème de chômage des jeunes surtout que les partenaires en développement, notamment l’Union Européenne, ont rompu la coopération avec le pays. Ainsi, de jeunes diplômés sans emplois se sont intéressés à l’enlèvement des ordures ménagères à Lomé. De 1995 à 2000, le nombre de pré-collecteurs d’ordures ménagères dans les cinq arrondissements de la ville de Lomé est estimé à des centaines de personnes. De 2000 à 2009, le secteur occupe plusieurs centaines de jeunes regroupés en associations ou ONG. La Direction des Services Techniques de la municipalité de Lomé a estimé pour la même période, le nombre de ces jeunes à 2280.
Mais ces associations animées par des jeunes sans formation préalable sont confrontées à des difficultés liées à la structuration et à la capacité technique. Mal structurées, ces associations ne disposent que de quelques charrettes à traction humaine pour accomplir leur tâche. Les charrettes sont faites de bois ou de fer et des roues usagés. L’équipement loin d’être motorisé est rudimentaire. Seules quelques associations disposent de motos avec remorque ou de petits tracteurs. Elles reçoivent de temps en temps des appuis d’ordre matériel, financier et en renforcement des capacités de leurs ressources humaines. Il faut dire que ces appuis sont ponctuels et permettent seulement de soulager les associations.
Il est indéniable que le taux de chômage a pris un coup et que le secteur d’enlèvement des ordures ménagères peut servir de levier pour la lutte contre le chômage que connait le pays. Mais avec le profil actuel des associations caractérisé par une faible structuration, un équipement rudimentaire et un financement critique, on est loin d’une réponse durable à la problématique des ordures ménagères à Lomé.