Par Edoh Sossa (Lomé, avril 2009)
Ces dernières années, les villes africaines, notamment les capitales sont connues pour recevoir des milliers de tonnes d’objets usagés. Pour certains observateurs, le continent est en passe de devenir la poubelle de l’Occident d’où viennent la plupart de ces objets. Les objets dont il est question vont des véhicules d’occasion aux vêtements et aux chaussures, en passant par les appareils électroménagers, les ordinateurs usagers etc. Tout est bon à exporter vers les capitales africaines. Au port autonome de Lomé,capitale du Togo,pays situé en Afrique de l’ouest entre le 6e et le 11e degré de latitude nord, on peut tout trouver.
Les anciens matériels Électroménagers tels que les réfrigérateurs, les congélateurs et les climatiseurs représentent une bonne partie de ces cargaisons. Or ces appareils fonctionnent à base du fréon R12, un gaz connu pour être un élément qui contribue à la destruction de la couche d’ozone, une couche gazeuse protectrice de la vie sur terre contre les rayons solaires. Tous les experts environnementalistes sont unanimes sur la nécessité de débarrasser les populations de ces éléments dangereux. Mais comment arriver à le faire ? Différentes solutions sont envisagées parmi lesquelles la formation des agents des douanes et des techniciens du froid industriel. Les premiers se chargeraient de saisir systématiquement ce matériel qui circule entre les Etats tandis que les second s’occuperaient à remplacer ces éléments par d’autres éléments non polluant.
Mais où entreposer ces éléments saisis par les agents de douanes et remplacés par les techniciens du froid? Telle est la problématique qui se pose à l’élimination des appareils fonctionnant à base du fréon R12.
Au Togo, l’Association pour la Promotion des Initiatives Communautaires (APIC), une association de jeunes active dans la gestion des ordures ménagères, a décidé de former ses agents pré collecteurs à l’enlèvement de ce matériel délicat chez les frigoristes (techniciens réparateurs de réfrigérateurs, de congélateurs et de climatiseurs). A Lomé, on dénombre de nombreux ateliers de frigoristes. Dans leur atelier, on retrouve souvent en stock des anciens appareils dont ils n’arrivent pas à se débarrasser. Il leur arrive souvent de les incinérer quand il y’ en a trop. On le sait, cette pratique n’est pas respectueuse de l’environnement. La formation de nos agents a tenu compte du caractère dangereux du fréon R12. Ainsi, elle a été axée sur la manière de se protéger avant de manier les appareils, la manière de protéger l’élément lui-même et comment assurer les conditions de sécurité au cours du convoyage vers le centre de destruction créé sur financement de la Banque Mondiale et situé dans l’enceinte du port autonome de Lomé. Sur ce site, le fréon R12 est récupéré en vue de son recyclage. Les autres composantes sont livrées aux chinois qui les emportent en Chine en vue de leur recyclage.
Le recyclage des gaz fréon R12 comporte des enjeux sérieux dans les domaines environnemental, économique et sanitaire. Mais la question n’est pas de s’en débarrasser tout simplement, car même les produits dangereux sont bons pour le recyclage.