Par Bintoumady Kaba
Dans ce village, courant 2005 ; la destitution d’Elhadj Mamoudou KABA de sa fonction de porte parole suite à des problèmes de famille a provoqué un conflit de nature domaniale ; ce conflit a opposé El hadj à tous les membres de la grande famille KABAFINA. Le conflit a surgi au sujet d’un vaste domaine qui appartiendrait à cette grande famille mais occupé par El hadj depuis des décennies. La doyenneté de Soribala dont la famille d’El hadj est membre, élargie à la doyenneté générale de Karifamoriah a fait appel à toutes les autorités coutumières pour trancher le problème et réconcilier les frères sans succès.
Préoccupé par cette situation et pendant que El hadj était écarté par la famille, un membre du bureau de la jeunesse à la fois ami au fils aîné de El hadj et Neveu de celui-ci, Abdourahamane KABA dit Domingo, décida volontairement d’apporter sa contribution à la résolution du conflit. Pour ce faire, il contacta l’antenne REFMAP qui lui prodigua des conseils tout en lui indiquant des stratégies par lesquelles il devait mener les démarches.
Ainsi, il a réuni tous les amis du fils aîné d’El hadj et les prépara à l’action avant de voir leur ami (le fils aîné d’El hadj). Devant les dispositions déjà prises par ses amis, le fils d’El hadji et ses jeunes frères ne pouvaient que se plier et accepter de suivre les démarches.
Ensuite, ils réunirent les sages de Soribala chez le doyen de ce clan et firent part de leur préoccupation tout en leur demandant pardon au nom des enfants d’El hadj. Ceux-ci acceptèrent le pardon et promirent aux jeunes de les accompagner dans leurs démarches afin qu’une solution définitive soit trouvée pour sauver l’honneur et la dignité familiales.
Apres cette étape, ils sont passés de porte en porte chez les amis intimes d’El hadj dans le village dont le doyen du village. Ceux-ci ont également donné leur engagement de les soutenir jusqu’au bout de leur objectif.
Ensuite, ils sont passés par les femmes et filles d’El hadj pour enfin aborder ce dernier qui, devant les faits déjà accomplis, ne pouvait qu’accepter de répondre à l’appel des jeunes chez le Kabilakèmo de Soribala.
Cette réunion élargie aux trois autres grandes familles de Soribala permit de rétablir le dialogue tout en favorisant, après de longues négociations, un résultat honorable pour les membres de la famille KABAFINA.
Avant la fin de la réunion, des larmes ont coulé suivies des accolades. Les larme aux yeux, El hadj a remercié les jeunes et promit ne plus revenir sur ce conflit jusqu’à son dernier souffle.
L’octroi des terres ancestrales aux membres de la grande famille et à d’autres personnes sans attestation écrite constitue une source potentielle de conflits en Haute Guinée dans les communautés à la base.
La forme actuelle des pactes et conventions traditionnels (de bouche à l’oreille sans écrit) est un facteur qui doit attirer de nos jours l’attention du gouvernement et de la société civile guinéenne dans le cadre de la promotion de la paix et de la cohésion sociale en guinée. Ces pactes et conventions doivent entre valorisés, écrits et vulgarisés dans les communautés concernées.
L’exemple des jeunes de Karifamoriah dans le processus de paix doit être encouragé et élargi à d’autres communautés dans le cadre de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits.