Par CAMARA, Issiaka (juin 2003)
L'Afrique, le continent le plus pauvre du monde et pourtant riche en potentialités, continue d'être l'espace de théâtre d'horreurs et d'atrocités inimaginables. Ces conflits armés, dus à l'intolérance, menacent quotidiennement la paix, condition sine qua non pour assurer tout effort de développement.
Mais quelles sont les causes profondes de ces guerres interminables sur un continent qui devrait chaque jour cultiver l'esprit de paix . Comprendre le désastre de l'Afrique, c'est remonter aux origines du legs amer. En effet au congrès de Berlin en 1885 et après la deuxième guerre mondiale les grandes puissances se sont partagées le monde. Des royaumes, des Etats et des communautés ont été arbitrairement constitués
Au sein de ces regroupements existait déjà une certaine ségrégation tout aussi arbitraire imposée par les vainqueurs de la guerre mondiale.
A partir de 1960, les Etats africains dits indépendants ont encore été divisés et des frontières leur sont imposées, dès lors des problèmes d'intégrité territoriale et le désir d'unité nationale se posent.
Cette contrainte de vie imposée aux africains selon les désirs des puissances coloniales ne relève que d'un pur calcul : il faut les diviser pour mieux les exploiter notamment leurs ressources naturelles.
Et on va très vite : les lois et institutions sont conçues pour mieux réglementer l'exploitation des africains.
Des idéologues racistes et xénophobes commencent à animer les Etats africains qui vivent déjà dans un chauvinisme total.
L'idée d'être chef, commandant un territoire bien circonscrit, conduit à un pouvoir sans partage avec pour conséquences l'institution de la corruption, du népotisme, de l'abus de pouvoir, tout cela appuyé par des puissances étrangères qui réclament hypocritement l'instauration d'une démocratie à visage humain.
Si les conflits africains profitent à ceux qui les provoquent ou qui les commandent, ils ruinent par contre l'avenir de l'Afrique qui ne demande que la paix pour mieux gérer ses projets de développement.
Imaginez que pendant les trente dernières années, l'Afrique a connu plus d'une cinquantaine de conflits armés diversement appelés rebellions, mutineries, guerre, etc dont les plus récents en République Démocratique du Congo, en Angola, en Ethiopie, au Soudan, au Nigeria, au Cameroun, en Sierra Leone, en République Centrafricaine, au Libéria, et aujourd'hui en Côte d'Ivoire.
Ces conflits coûtent chers au continent: des milliers de morts et de réfugiés, des personnes déplacées, la compromission des efforts de développement, l'endettement pour soutenir l'effort de guerre et l'achat d'armement, la destruction du tissu économique, la prolifération de maladies endémiques (sida, paludisme, méningite, tuberculose) et la destruction de l'environnement social et de l'environnement naturel et économique.
Les africains prendront ils conscience par eux mêmes de cette situation dramatique pour y faire face.
Le NEPAD, dans sa composante gouvernance , devrait apporter quelques lueurs d'espoir. La paix est la condition du développement, sans la paix il n' y a aucune perspective pour l'Afrique.
Les guerres assombrissent les horizons du développement de l'Afrique. L'intégration régionale qui est pourtant reconnue comme l'une des voies les plus appropriées pour les pays africains pour sortir de leurs sous développement, est soumise à rudes épreuves voire compromise du fait de la multiplication des foyers de tension à travers le continent.
A analyser de prêt, ces conflits sont imposés à leurs peuples par des dirigeants en manque de légitimité pour les détourner des objectifs de développement et de gestion démocratique.
C'est en cela que le réveil des peuples risque d'être brutal et fatal pour nombre de " Chefs " encore drapés du couvert d'un nationalisme outrancier et d'une gestion autocratique du pouvoir.