Quand les maris évitent les visites médicales à leurs épouses
Par SALL, Sette (Ngayène, juillet 2009)
Ngayène est une communauté rurale de l’arrondissement de Médina Sabakh, département de Nioro du Rip. Une localité de quelque 20 000 âmes et ne disposant que d’un seul poste de santé !
Un jour de Février 2008, ma femme se plaignait de douleurs au ventre. Je pressentais un début de grossesse. Je l’amenai aussitôt au Poste de Ngayène auprès de l’Infirmier Chef de Poste (ICP). Comme diagnostic, il me signifia, à ma grande surprise, un début d’ulcère !
Et comme j’étais dubitatif, je me rendis avec ma femme à Médina Sabakh. Là, la sage - femme me confirma sans ambages l’état de grossesse. C’est ainsi que, pour toutes les visites prénatales, elle quittait régulièrement Ngayène pour Médina Sabakh.
Un jour, pendant que j’étais à Passy Ngayène (village où j’enseignais), la belle-mère conduisit mon épouse arrivée à terme au Poste de Ngayène mais l’ICP refusa catégoriquement de la prendre en charge. Pour le motif que, n’étant pas sa malade, il ne pouvait donc pas l’assister. Après plusieurs conciliabules, il se résolut finalement à l’aider à accoucher.
A mon retour à Ngayène, il me présenta la liste d’ordonnances prescrites. Des ordonnances avérées très chères. Et comme si cela ne suffisait pas, il ne s’embarrassa pas de me faire comprendre qu’il était très remonté contre moi : on l’avait délaissé pour aller faire les visites prénatales à Médina Sabakh.
Après avoir tiré toutes les conséquences, mon épouse est désormais suivie par la sage-femme de Médina Sabakh. A mon grand soulagement et à la grande satisfaction de toute la localité qui ne demandait pas mieux !
Cette expérience illustre encore une fois le manque de personnel dans le secteur de la santé, notamment en milieu rural. En l’occurrence un déficit pour pallier les besoins en santé prénatale et maternelle.
Par ailleurs, l’attitude de l’ICP est renversante aux yeux de la population qui ne peut accepter des entorses aux coutumes locales. C’est pourquoi, en matière de consultations, il conviendrait de prendre en charge la dimension genre et de tenir compte de l’âge des praticiens et de leurs consultants.