Et la sage-femme sauva la bannie !
Par SECK, Kéba (Médina Sabakh, juillet 2009)
Avec la généralisation des cultures de rente, notamment de l’arachide, des populations d’agriculteurs émigrèrent massivement vers Nioro et ses environs à la recherche de nouvelles terres fertiles. C’est ainsi que certaines familles Mandjak et Mankagne quittèrent le Sud du pays vers les années 1945 pour s’implanter dans le Sabakh et le Rip. Malgré la coexistence avec les autochtones, ces ethnies ont su conserver leurs coutumes et croyances.
Une dame d’ethnie mandjak ignorant complètement l’importance des visites prénatales l’aura appris à ses dépens.
Etat en « travail » de 7 h à 13 heures, son accouchement tardait à se réaliser. En l’espèce, sa famille croyait que ces complications étaient simplement dues à un comportement d’infidélité de la femme envers son mari. Pour la famille du mari, c’était un signe d’adultère. Parce que la femme a trompé son mari, l’enfant refusait de naître ! Alors, selon la coutume, la femme s’était mise au ban de la société. Par conséquent, il fallait la laisser mourir. Et comme pour annoncer une fin fatale et à la femme enceinte et au futur nouveau- né, des cris fusent de toutes parts.
C’est à ce moment que les autres habitants du quartier se rassemblèrent sur les lieux pour savoir ce qui se passait. A leur grande surprise, ils trouvent une jeune femme qui semblait agoniser. Sans attendre, ils la conduisirent à la maternité rurale de Médina Sabakh.
Par enchantement, la sage - femme put sauver et l’enfant et la maman.
Certaines croyances socioculturelles peuvent être des obstacles au progrès. C’en est ici le cas. En effet, dans le système des valeurs mandjak, la femme auprès du mari est simplement là pour procréer et malheur à la femme infidèle ou stérile !
Il convient donc de lutter contre certains préjugés à travers la sensibilisation en vue de changer les réflexes, les attitudes et les comportements des acteurs ruraux. Autant, il faut des techniciens de santé, autant il faut un personnel chargé des informations, des enseignements et de communications en matière de santé. Dommage qu’il n’existe qu’une seule assistante chargée de couvrir tout un département.