Du recrutement accéléré d’agents issus de la Croix Rouge dans Nioro et environs
Par DIAGNE, Kéba (Nioro du Rip, juillet 2009)
Au tour du thé habituel, un ami vient de rentrer d’une communauté rurale située à quelques encablures de Nioro. Gardien de son état, il avait auparavant suivi une brève formation en secourisme avancé auprès de la Croix Rouge sénégalaise qui a pignon sur rue dans la contrée. Par l’entregent d’une connaissance au niveau du poste de santé de la communauté rurale, il fut recruté par le comité de santé. Il alliait à la fois le nettoiement de la structure et quelques activités simples liées au fonctionnement du poste. Aussi, son retour précipité a-t-il surpris tout le groupe. A nos interrogations, il n’a pas manqué de nous livrer en toute sincérité sa mésaventure. Que s’est-il passé ?
Il devait, au contact du personnel de santé, suivre quelques leçons de prestations de soins de santé primaires. Sur le tas : soigner quelques plaies, prendre la température des malades, etc.
Mais, tout dernièrement il lui a été demandé d’administrer une piqûre à un malade. Peu sûr de sa compétence en la matière, il refusa d’abord de s’exécuter, avouant à son interlocuteur qu’il n’a jamais eu l’occasion de tenter une telle expérience.
Néanmoins, face à l’insistance renouvelée de l’entourage le sommant d’essayer, il prit la seringue d’un geste anodin. Puis, il enfonça, appuya de toutes ses forces la seringue sur le flanc gauche de la fesse du patient. A tel point que, sans même avoir le temps de retirer l’objet, le sang du pauvre malade giclait en se répandant et sur ses mains et sur le sol. Et c’est ainsi que les autres, affolés, accoururent pour sauver la victime. Le lendemain, traumatisé, il prit le chemin du retour sans même aviser son entourage. Pour lui, il n’est plus question d’exercer un métier pour lequel il n’a pas la formation requise. Et c’est seulement plus tard que les agents du poste de santé prendront connaissance de sa décision.
Son récit terminé, comme par coïncidence, les membres du groupe racontaient à qui mieux mieux les dégâts causés par des agents communautaires employés au centre de santé de référence et issus de la Croix Rouge. Un de nos camarades- non sans exagération- résuma l’ampleur des préjudices subis par la population et notamment infantile par ces mots : « Le nombre de dommages, en l’espèce, dus aux mauvaises manières d’injecter de ces agents ne serait-il pas au moins égal au nombre de leurs auteurs fourrés dans ce centre de santé ? »
Ainsi, au-delà des mots, un des maux récurrents du système de santé, notamment au niveau de la base de l’édifice pyramidal : la qualité de formation des ressources humaines. Dans le cas d’espèce, il ne saurait être question de jeter l’anathème sur la Croix Rouge. Bien au contraire, la Croix Rouge joue un important rôle dans ce pays : aides aux victimes de toutes natures, secourisme lors des catastrophes, surveillance de la sécurité alimentaire, création de postes de santé, etc.
En raison du transfert de certaines compétences de la santé aux collectivités locales, le comité de santé est tenu, en usant de ses prérogatives, de procéder à des recrutements pour assurer le paquet minimal de soins de santé. Or, les moyens financiers ne suivent pas le rythme de la demande socio sanitaire. Donc, il faut recruter du personnel le moins coûteux et de préférence au niveau local. Pour autant, ce recrutement devrait être appuyé par un personnel technique qualifié, libéré de toutes considérations partisanes et diligenté à bon escient par la direction technique de la tutelle. Il convient aussi de généraliser la formation continuée.
Par ailleurs, il faut renforcer les contraintes et les sanctions pour amener au respect des rôles et responsabilités de chaque agent. Mettre l’agent qu’il faut à la place qu’il faut !