Et le PCR bloqua le fonctionnement du poste de santé de Ngayène !
Par GAYE, Mamadou (Ngayène, juillet 2009)
Le conseil Rural a la charge de définir et d’orienter la politique de santé dans la Communauté Rurale. C’est l’une des 9 compétences que l’Etat a transférées aux Collectivités Locales.
Le Poste de santé à travers l’Infirmier Chef de Poste (ICP) et les organes - comité de santé et comité de gestion - sont chargés de l’application de cette politique. La collaboration la plus étroite entre le conseil rural et la structure technique est donc plus que nécessaire pour l’exécution de cette politique. Toute confusion des rôles et responsabilités entre les acteurs déteint sur le bon fonctionnement de la structure. Qu’on en juge par ces faits !
Nous sommes dans la communauté rurale de Ngayène peuplée d’environ 21 000 habitants. Un seul poste de santé y couvre 23 villages. Pourtant, vers les années 2000, un conflit larvaire finit par éclater au grand jour. En effet, des divergences politiques avaient fait apparaître un clivage au sein des organes de santé. L’atmosphère était polluée au point que le travail dans la structure était bloqué. En 2002, l’ICP jeta l’éponge en se faisant affecter ailleurs. Pendant près de 9 mois, le poste resta vacant. Aussi, lorsque le nouveau ICP prit service, les populations, longuement abandonnées à elles-mêmes, s’empressèrent d’initier une réunion pour prendre la ferme résolution de créer les conditions d’un bon climat de travail à l’ICP nouvellement installé. Cette résolution visait en fait le Président du Conseil Rural (PCR) que les populations considéraient comme étant l’origine de tous les maux du poste de santé. De fait, il avait créé un blocage systématique de la politique de santé. La gestion des médicaments liés aux fonds de dotation s’était révélée, on ne peut plus, nébuleuse. Ces médicaments, au lieu de coûter moins chers, connurent une hausse jamais égalée au grand préjudice des populations. Cette situation avait exacerbé la colère des conseillers et celle des membres du comité de santé. Les travaux en matière de construction, d’entretien et de maintenance du poste de santé normalement dévolus au comité de gestion restaient exclusivement à la charge des partenaires au développement. Et pour cause, la non- application de la politique de santé du conseil rural par le PCR était de notoriété publique. En guise de représailles, il fut décidé au niveau du poste de santé la rétention pure et simple des rapports destinés au conseil rural.
Les populations, ayant été injustement victimes de cette situation, n’hésitèrent point de prendre leur revanche par un vote sanction lors des élections locales de 2009. Exit le PCR ! L’on pense inaugurer une nouvelle ère de travailler dans de meilleures dispositions. Le seul hic à déplorer est la perte de crédibilité de la localité aux yeux des agents de santé.
Si le conseil rural est chargé de la mission de concevoir et de mettre en œuvre la politique de santé de la Communauté Rurale, il est évident qu’il doit permettre aux organes du poste de santé (comité de santé et comité de gestion) de jouer la plénitude de leurs rôles et responsabilités.
La gestion transparente doit être le credo tant au niveau du conseil que du poste et ce, pour le plus grand bénéfice des populations.
C’est pourquoi, il urge de faire une évaluation exhaustive de la mise en application des textes relatifs à la décentralisation, notamment ceux portant sur la santé.