Mécanisme d’interruption du conflit en pays Ewé du Togo : Cas d’ « Atabu Kaka » à Danyi

Un paysan arrivant dans on champ constata que sur la parcelle qu’il avait laissée en friche non loin de la partie exploitée, des gens s’activaient pour abattre la forêt, coupant des arbres à qui mieux mieux. Il s’agissait là d’une tentative d’usurpation de cette parcelle qui lu appartenait, sinon la règle bien connue était qu’il la lui demande au préalable avant d’y commencer toute forme de d’exploitation. Pris de colère, il s’approcha et dit à voix forte : « Hé ! Écoutez bien : Qui que vous soyer, si j’entends encore le moindre bruit de coupe-coupe ou de hache, eh bien vous êtes passibles d’ «atabu » devant le chef de canton.

Comme par enchantement, tout bruit cessa à la même minute et ces voleurs » de terre s’enfuirent sans demander leur reste.

Dans le cas de d’espèce, notre paysan n’eut qu’à aller signaler au chef de canton qu’il eut à utiliser son « Atabu » contre « X » puisqu’il n’avait pu les identifier dans la forêt, puis à payer la somme réglementaire.

Qu’est-ce que « Atabu Kaka » chez les Ewe en général et les Danyni en particulier ?

Eh bien, c’est une procédure ou une formule d’urgence pour faire cesser une violation d’un droit en invoquant ce qu’il y a de plus sacré pour le Trône d’un chef traditionnel en vue de faire régler le conflit en référence par ce dernier.

En quoi consiste la force ! « Atabu » chez les Danyi ? D’abord c’est dans la formule même ; exemple : « ne mega se atitsotso le aveamela, ekema mitu efia hini fe agbeti gbe ». Littéralement : « si j’entends encore couper un arbre dans cette forêt, vous avez enfreint le règlement du 1er jour du champ du chef Hini.

Agbeti gbe : c’est un jour de la semaine chapêtre chez les Danyi ; c’est le premier jour et donc un jour durant lequel nul n’aimerait rester à la maison après le jour du ropos : « afenègbe ». Or « Agbletigbe » rappelle aux Danyi les agressions ashantis du XIXème siècle. C’est en cet effet un « Agbetigbe » jour où tous les villageois étaient aux champs que les hordes ashanti s’étaient abattu sur la contrée emportant bêtes, récoltes et parfois femmes et enfant, avant que la contre –attaque ne s’organise. Mais vu leur grand nombre et l’effet de surprise, ils avaient fait beaucoup de mal avant d’être repoussés. C’est dont un jour de sang, un jour inoubliable, un jour dont il ne faut pas évoquer les souvenir impunément devant les chefs de Danyi. Celui qui le fait, « met délibérément à nu ou au dehors le trône royal » et pour le remettre à sa place au palais, il faut du sang, beaucoup de sang comme mesure propitiatoire de ce jour historique ou les Ashantis on osé répandre le sang des Danyi.

Ainsi que l’ « atabu » est porté à la connaissance du chef, les « abrafo » c’est-dire- la « police » de la cour » se met en branle pour attraper et égorger tout mouton à son passage, jusqu’à ce que l’ordre leur soit donné de cesser le carnage, étant bien entendu que les bêtes immolées seront à la charge de la partie perdante ou parfois des deux, ou même du plaignant qui a cru devoir recouvrir à cette mesure extrême alors qu’il est dans son tort.

« L’Atabu » est donc une arme dont il faut user avec beaucoup de parcimonie et de discernement.

Toute attitude belliqueuse cesse aussitôt, en attendant le jugement à la cour du chef ou bien auprès d’autres organes prévus par la tradition.

Commentaires

Il faut reconnaître que ce sont là des institutions à sauvegarder et à promouvoir car ces genres de « cessez –le-feu » traditionnel sont très respectés ; en effet la barbarie et la folie meurtrière des hommes étant parfois sans limite, il ne sert à rien de laisser un conflit atteindre des propositions insoupçonnables avant de chercher à arrêter les dégâts.

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