Par Tikpi Atchadam (lomé, novembre 2009)
Les Tém sont un peuple de la région centrale du Togo qu’on retrouve au Bénin et au Ghana, pays voisins. C’est une société à Etat avec un gouvernement, une armée et une justice. La justice rendue par la cour du roi se charge de régler les conflits nés.
La notion de justice ou de droit découle de la vision du monde que se fait le peuple concerné.
Chez les tém, l’homme se trouve au centre d’un réseau relationnel relativement complexe, les infractions sont fonction de ce réseau. La paix qui est le thermomètre de la justice ou d’une société juste constitue le facteur d’équilibre des composantes dudit réseau.
Nous partons du litige, du désordre pour arriver à la justice, au droit, à l’équilibre, à l’ordre. C’est une logique qui part du désordre à l’ordre, du conflit à la paix.
En effet, le conflit se dit “Yoou” qui veut dire:querelle. Se quereller se dit “yoo”. C’est le même vocable qui est utilisé pour désigner une simple rixe, un simple malentendu ou une guerre. « Qu’est-ce qui vous mélange?». C’est la question que l’on se pose, à la recherche des causes d’un conflit. L’homme par qui le conflit arrive entre deux personnes est désigné par le vocable « Iyozirou » qui veut dire littéralement le mélangeur.
Cependant “yoo” n’est pas à confondre avec “yoozi” qui désigne à proprement parler “melanger”. Donc “yoo” et “yoozi” sont de faux amis, comme l’a si bien averti le linguiste Tchagbalè Zakari de l’Université de Cocody.
Par le conflit, les hommes ou les choses sont à la place où ils ne doivent pas être. Il est question par le procès de remettre les hommes ou les choses à leur place, de démêler les cordes car « si les bœufs ne sont pas attachés sur la même aire, leur corde ne peuvent jamais se trouvées entrelacées. » dit un proverbe du milieu.
Le conflit étant lié au vivre ensemble, l’ordre n’est pas donné; sa quête reste permanente. La question qui se pose alors est celle de savoir, comment mettre chacun, chaque chose à la place qui est la sienne ? Là apparaît la notion de droit qui édicte des règles dans toute société. Au nom de l’harmonie, ces règles doivent être respectées. Et s’il arrive qu’elles soient violées, le droit s’applique. C’est lui qui détermine le permis et l’interdit et par lui qu’on arrive à remettre chacun et chaque chose à la place qui est la sienne.
Chaque composante de l’univers a une place propre qui doit être respectée. Le conflit provoque un désordre et la justice permet de revenir à la place des êtres visibles et invisibles.