Un véritable calvaire les instituteurs vacataires
Par DJIMELI, Alexandre (Yaoundé, avril 2001)
Depuis leur recrutement comme instituteur vacataire, les diplômés des écoles normales d’instituteurs luttent pour la survie.
La première promotion des instituteurs vacataires recrutés en janvier 97 par le ministère de l’Éducation nationale est arrivée en fin de contrat. A l’issue des quatre ans qu’ils ont passé sur le terrain, un arrêté conjoint des ministres de l’Éducation nationale et de la Fonction publique a annoncé leur intégration comme fonctionnaires de l’État. Plus de 1.700 places sont à pourvoir. Pour faire acte de candidature, il faut, entre autres pièces, fournir un certificat de présence effective au poste. Or, depuis le début de l’année scolaire, certains d’entre eux n’exercent plus, puisque logiquement, ils sont arrivés en fin de contrat. Comment produire donc un certificat de présence effective au poste alors qu’on n’est pas en poste ?
L’obtention de cette pièce a orchestré fraude et harcèlement. Des directeurs d’école, des inspecteurs d’arrondissement voire des délégués départementaux ont copieusement arnaqué ces pauvres instituteurs qui, durant 4 ans, n’ont eu qu’un salaire de misère (Fcfa 37.000 ou Fcfa 56.000) qui n’était d’ailleurs pas régulier. Alors que ceux qui ont été expulsés des écoles parce que leur contrat est arrivé à terme sont en chômage, ceux à qui on a demandé de rester en poste n’ont pas de salaire. En effet, les cartons de crédit parvenus dans les délégations départementales ne prennent pas leurs salaires en compte, puisqu’ils ne sont plus des instituteurs vacataires. Au moment où on assiste aux revendications salariales, on se demande bien d’où viendra l’argent pour les payer. A la direction du budget du Mineduc, on affirme que les salaires des instituteurs qui seront retenus pour la Fonction publique ont été budgétisés pour l’exercice qui va de juillet 2000 à juin 2001.
Mais on ne sait pas encore qui sera retenu. La note envoyée au Mineduc le 3 novembre 2000 par la Délégation provinciale de l’Éducation du Centre est révélatrice à ce sujet. " Sur 964 instituteurs recrutés [comme vacataire dans la province de Centre] entre 97 et 98, seulement 347 seront intégrés. Que faire de ceux dont la résiliation des contrats est inéluctable au regard des dispositions contractuelles? Le gouvernement tarde à prendre la décision. Dans certains départements ceux qui sont en fin de contrat chôment, dans d’autres ils continuent de travailler. Entre-temps, les enfants dont les enseignants sont en chômage tirent le diable par la queue. Et les communautés soucieuses de l’éducation de leurs enfants recommencent à recruter des maîtres bénévoles. On revient à la case départ.
A coté de ces futurs fonctionnaires, vivotent des instituteurs qui exercent encore comme vacataires, c’est-à-dire ceux qui ont moins de 4 ans d’ancienneté sur le terrain. Ceux-là continuent de subir les humeurs des délégués et des responsables des services extérieurs des Finances qui ne les paient pas toujours à temps, et qui jouent parfois avec leurs salaires. Pour attendre des clarifications de la hiérarchie du Mineduc sur la situation présentée plus haut, certains délégués provinciaux ont demandé aux départementaux de n’engager ni aucune dépense, ni aucun recrutement. Ce qui fait qu’en ce moment, les instituteurs en service dans ces zones réclament avec la dernière énergie leurs salaires qu’ils n’ont pas touchés depuis le début de l’année. Mais les responsables, qui n’ont jamais le temps de leur expliquer clairement ce qui se passe, les rabrouent quand ils viennent revendiquer leurs dus. Ils sont tout malheureux ces derniers temps car parmi eux, il y a des responsables de famille qui doivent subvenir à plusieurs besoins.
Enfin cette année,sur plus 4.000 instituteurs, un nombre infime sera recruté.