Par BENASSIM, K. Venance
La corruption est un mal, une gangrène nuisible pour nos pays. En Afrique, rien ne se fait gratuitement si bien que la corruption est érigée en système. Au Togo, la corruption a toujours existé et au cours de ces dernières années, elle s’est amplifiée et est devenue une réalité qui mine la vie sociale, économique et politique du pays. On peut dire ici que le contexte politique dans lequel on se situe favorise la corruption en ce sens que ceux qui s’y adonnent savent qu’ils n’encourent aucun risque. C’est l’exemple du policier ou du fonctionnaire qui accepte de prendre 200F cfa à un individu en infraction ; il sait qu’en de journée il aura accumulée une fortune facilement. Il sait surtout qu’en le faisant il ne sera pas inquiété et l’autre paie parce qu’on lui dira que c’est la procédure habituelle dû au fait que le citoyen méconnaît ses droits et ses devoirs. Le petit fonctionnaire ou l’agent de police ne prend pas l’argent seulement parce qu’il sait qu’il ne sera pas inquiété, il le prend aussi parce qu’il a faim et qui donne également l’argent sait cela : quand on a faim, on est prêt à accepter les bassesses de l’autre pour trouver de quoi manger. Cette situation est devenue courant au Togo et on ne se rend même pas compte que c’est une forme de corruption tout le monde y trouvant son compte.
Au niveau de la classe dirigeante la situation est plus que dramatique car c’est la course au trésor, au gain facile parce que cette classe pense être au-dessus des lois et surtout parce que l’appareil judiciaire leur est intrinsèquement lié. Bref c’est à cause de l’impunité qui est au Togo que d’autres pensent que tout leur est permis. En exemple, pour la lutte contre la pauvreté au Togo, 3 milliards de F CFA a été donné au gouvernement togolais par la banque mondiale mais aujourd’hui on ne sait où est passé cette somme, ni l’utilisation qui en a été faite. L’argent a tout simplement volatilisé. Où ? La question reste sans réponse d’autant plus que l’organisme donateur n’a pas fait des investigations. A cet effet les bailleurs eux-mêmes sont à un niveau responsable de cette situation ; sinon comment peux-t-on financer, les mêmes personnes, des projets qui n’aboutissent pas pour cause de détournement ?
Une autre approche de la corruption s’explique chez nous par l’affinité et l’intimité. En effet les services se rendent par affinité et par intimité. En exemple, le processus d’établissement d’une carte de nationalité nécessite au préalable une carte d’origine au village. Pour le chef, établir cette carte est une faveur qu’il rend à l’intéressé et non comme un devoir et quand il n’y a aucune affinité avec le chef ou son entourage on te dira de faire quelque chose.
Note: La corruption est un phénomène qui s’installe la où le terrain est propice. Aussi longtemps que les citoyens n’auront pas de revenus normaux leur permettant de vivre décemment, toutes les portes resteront ouvertes à la corruption car ils constitueront des cibles faciles à atteindre. C’est donc que par le développement on peut s’attaquer à la corruption mais en mettant des gardes fous car même dans les sociétés développées la corruption existe. Combattre la corruption doit être l’affaire de chacun dans toute société, nous devons défendre et renforcer les valeurs éthiques dans toute la société.
L’institutionnalisation de journées anti-corruption; le relèvement du niveau de vie des citoyens; la libéralisation du pouvoir judiciaire et son indépendance effective; sanctionner les contrevenants quel que soit leur rang social; la mise en place d’un système de déclaration des biens des personnes qui ont une position publique de responsabilité et l’obligation de justifier une croissance de leurs sans lorsqu’on remarque une disproportion avec leurs sources légitimes de revenus et la promulgation de lois qui rendent possible la saisie et la confiscation des richesses acquises de façon illicite et surtout lancer des initiatives éducatives pour faire prendre conscience aux citoyens des maux incalculables qu’engendre la corruption et les risques qu’ils courent en s’y en donnant.