Par ENONE EBOH, Théodore
A cause du taux d’analphabétisme élevé au Bénin, un frange assez importante de sa population ne vit que de la rumeur. Elle ne peut directement accéder à l’information dont la langue la plus utilisée est celle du colonisateur français.
Pour surmonter ce handicap, la troupe théâtrale KPANLIGAN, créée en Octobre 1989 à Cotonou, est venue au chevet de ces populations pour les sensibiliser en langues nationales
Pour son Secrétaire Général, que nous avons rencontré le 26 Novembre 2002, la troupe KPANLINGAN s’investit dans l’atelier d’écriture, la poésie, les spots publicitaires, le théâtre de sensibilisation. Elle sensibilise les populations sur les méfaits de la corruption, dénonce les exactions et les dérives du pouvoir.
Depuis 1999, la troupe KPANLIGAN sillonne les départements pour expliquer à ces populations les enjeux de la décentralisation, le processus d’élection du maire et des conseillers municipaux par les populations. Les thèmes abordés sont: les limites du pouvoir à la base, les rapports entre le maire élu et le préfet nommé par le gouvernement, l’autonomie du maire vis à vis du chef de l’état, l’indivisibilité de l’état etc.
Le déploiement tous azimuts de la troupe KPANLIGAN a relevé le niveau d’information des populations analphabètes béninoises. Aujourd’hui, ces populations sont aussi bien informées des questions de décentralisation que des étudiants.
Il est difficile, voire impossible de communiquer avec une très grande partie des populations africaines dans les langues étrangères (celles du colonisateur), érigées, malheureusement en langues officielles, dans la plupart des pays de l’Afrique au Sud du Sahara. Ces populations " analphabètes " sont donc contraintes de vivre de rumeur. Ainsi a-t-on recours aux crieurs publics ou à ces troupes théâtrales, véritables vecteurs de l’information pour atteindre ces populations. Ceux-ci utilisent des des modes d’expression singuliers pour présenter des situations souvent assez complexes.
La troupe KPANLIGAN a souvent bénéficié du soutien de la cellule d’appui technique (CAT) de l’Union Européenne, ainsi que celui d’une ONG Hollandaise dans l’accomplissement de sa mission. Il s’avère nécessaire pour l’Etat dont la mission est de promouvoir les langues nationales, d’apporter un soutien fort à cette troupe.