Par DJIMELI, Alexandre
Les séminaires pédagogiques organisés par le Ministàre de l’Education Nationale (mineduc) sont malades de deux choses : le vice de forme dans leur processus et le paradoxe dans leur mise en application. Ils semblent se muer en des vastes campagnes d’information et de légitimation de l’idéologie culturelle sous-tendue par les intérêts divers de la métropole.
Foumban, février 2001. Un élève instituteur est surpris de constater que dans une école primaire de la ville, les programmes scolaires officiels en vigueur ne sont pas appliqués au cours élémentaire 1e année. Il recherche une explication. Le maître de la classe concernée répond qu’il n’a jamais reçu une copie, ni même vu ces programmes.
Pourtant, un séminaire sur les programmes officiels (PO) du niveau II (CE1 et CE2) venait d’avoir lieu les 18 et 19 janvier 2001 à l’école normale d’instituteurs de la localité. Animé par des inspecteurs pédagogiques provinciaux, il intéressait les maîtres et les professeurs d’écoles normales. L’objectif était d’imprégner les participants c’est-à-dire de leur faire prendre connaissance des contenus des nouveaux programmes et de l’exploitation des méthodes pédagogiques qui accompagnent ces contenus. Mais son organisation excluait de fait les maîtres bénévoles, les enseignants des écoles privées et publiques ordinaires, ceux des zones rurales, etc. En fait, ces acteurs n’ont pas été invités. Ceux des enseignants qui ont été sollicités pour participer aux travaux n’ont découvert le thème de travail que séance tenante. Les documents qui leur ont été distribués ont été récupérés à la fin des activités.
Ces documents, constitués pour l’essentiel des livres présentant les nouveaux PO du niveau II, devraient être en principe le 1er document obligatoire d’un enseignant. Or, jusqu’en janvier 2001, les maîtres chargés de classe et même les professeurs d’écoles normales ne les détenaient pas, alors qu’ils sont officiellement entrés en vigueur depuis septembre 2000.
Au cours des travaux du séminaire, les participants ont constaté que des aspects de certains manuels d’apprentissage sont en contradiction avec l’esprit de certains points des PO. Aussi, on a remarqué que les animateurs avaient des lacunes par rapport à la communication, puisqu’ils avaient eux-mêmes des difficultés à déblayer certains concepts contenus dans les PO. Cela pourrait se comprendre par le fait que les manuels et les programmes n’ont pas été expérimentés avant leur adoption.
Ce séminaire organisé de cette façon n’est pas un cas isolé. Un séminaire similaire s’est tenu du 15 au 16 février 2001, toujours dans l’enceinte de l’Ecole Normale des Instituteurs de Foumban. Il portait sur la pédagogie de projet. Au début des travaux, les participants ont reçu le programme de travail dicté par les animateurs. L’approche, prescrite depuis les services centraux à Yaoundé, a été arrêtée d’avance. Et durant les travaux, on a évité de sortir du cadre méthodologique imposé à l’assistance.
DJIMELI, Alexandre T - - 2001 04 05
Organisme : PROGRAMME GOUVERNANCE CAMEROUN
Adresse : BP 30332 Yaoundé, République du Cameroun. Tél : (237) 84 64 40 e-mail : djimeli2002@yahoo.fr
MOTS CLES
Mots clés DPH :
Mots clés libres : ENJEUX IDEOLOGICO-CULTUREL ET ECONOMIQUE DES SÉMINAIRES PÉDAGOGIQUES ; PROGRAMMES SCOLAIRES ; CENTRALISATION DE L’ANIMATION PÉDAGOGIQUE
Géographie : CAMEROUN
[ Gouvernance - DPH L’AMI : 91 ]
Cette fiche a été réalisée dans le cadre du processus " Gouvernance en Afrique : dialogues sur la décentralisation et l’intégration régionale « , lors de la rencontre du collège des éducateurs qui s’est tenu du 03 au 05 avril 2001 à la maison de la culture du palais du sultan Ibrahim Njoya à Foumban.